Théâtre : Icare ou comment devenir un chanteur sans elle au Lucernaire à Paris

Icare, un vrai prénom, puis un nom de scène et enfin un symbole pour un chanteur qui se rêve tout en haut de l'affiche, avant de finir fracassé pour avoir voulu voler sans elle. La Valse d'Icare de et avec Nicolas Devort, un spectacle enthousiasmant, à voir très vite au Théâtre du Lucernaire.

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Quel adulte n’a jamais espéré concrétiser ses rêves d’enfant ? En premier lieu, les adultes dont les désirs ne correspondent pas aux attentes de leurs parents. Icare, le bien nommé, fait partie de ceux-là - lui dont le prénom a été choisi par un père qui n'a pu assouvir son rêve d'enfant : exercer le métier d'aviateur -  un métier à la fois sérieux et porteur d’un imaginaire qui transcende la pesante condition humaine.

Mais Icare se choisit un autre destin : chanteur à succès. De Los Angeles à la mythique scène parisienne de l'Olympia, du Japon au plus grandes salles de concert à travers le monde, du succès il en aura beaucoup plus qu'il n'imaginait au point d'oublier l'essentiel : Iris, la femme qu'il aime, et leur enfant qu'il n'a pas vu grandir. Son dur retour à la réalité prend la forme d'une chambre d'hopital, le soir où il apprend que son fils est plongé dans le coma. Parce que l'infirmière lui conseille de parler à ce petit d'homme pour le ramener, Icare commence le récit de son ascension et de sa chute par cette phrase qui marque le temps du regret et du remords :

 

Malheureusement pour moi, j’ai obtenu exactement ce que je désirais.

Comme un avion sans elle

Nicolas Devort a un don à nul autre pareil, celui de passer d'un personnage à un autre dans la fraction d'un battement de paupière ou d'un mouvement de poignet. Seul en scène, il interprète dans une grande fluidité sidérante, une myriade de personnages, quinze au total : le chanteur balavoinesque ; sa compagne, muse et déesse ; le producteur, jusqu'au bout du cigare ; le manageur pagnolesque aux oreilles évasées.

L'année dernière, dans ce même théâtre parisien du Lucernaire, Nicolas Devort nous avait déjà dévoilé tout son talent d'acteur et d'auteur, à l'occasion d'une émouvante réécriture de Rostand dans l'ambiance d'un collège : Dans la peau de Cyrano

 

Le point de départ de ce spectacle, c’est mon envie de faire de la musique, et en particulier de chanter. Faire entendre ma voix.

Si dans cette précédente pièce, Nicolas Devort avait puisé son inspiration au contact d'adolescents rencontrés lors d'ateliers d'improvisation théâtrale, cette nouvelle création semble prendre appui sur son propre parcours professionnel. Nicolas Devort a enchaîné tous les soirs, pendant plusieurs semaines, et sept jours sur sept, les représentations de deux spectacles (Dans la peau de Cyrano au Théâtre du Lucernaire et Le Bois dont je suis fait au Théâtre de Belleville) ainsi qu'une version en anglais de son Cyrano.

Une boulimie ascensionnelle qui est au coeur du récit autobiographique de son personnage Icare.

 

My name is Icare
chanter
faire vibrer
mon intérieur
m'évader ...

La force de la scène et l'art du contre-point

La grande force de ce spectacle, c'est qu'il sait cueillir notre émotion par une succession de petites touches, sans oublier en contre-point de nous faire rire et désamorcer ainsi les situations les plus dramatiques. C'est Stéphanie Marino qui assure la mise en scène. Tout commence avec une simple guitare sèche à la droite de l'acteur, et une chaise à sa gauche. Opère alors la magie du plateau, celle d'un seul en scène avec un grand comédien de théâtre. Dépêchez-vous d'aller le découvrir, c'est jusqu'au 26 janvier prochain.

 

La Valse d'Icare de et avec Nicolas Devort

Mise en scène : Stéphanie Marino
1H15 / jusqu'au 26 janvier 2020 
du mardi au samedi 21h et le dimanche à 17h
Le Lucernaire 53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris

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