Elle a tout vu, tout connu. Véritable papillon de nuit et ex-physio en forme d’égérie des années Palace, Jenny Bel’Air a accordé un entretien à Toki Woki, et nous a plongés dans son Paris nocturne très eighties.
Qui êtes-vous avant d'être Jenny Bel'air ?
Jenny Bel’Air : J’ai travaillé en boîte de nuit il y a très longtemps. Le Palace fêtait son anniversaire, on recherchait les gens comme moi et on nous faisait parler de ce qu’on a connu. C’est pour ça que je me présente à vous, prenez ce que vous avez à prendre de moi.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, vous faisiez quoi à l’époque ?
Jenny Bel’Air : Enfin, il y en a encore qui ne me connaissent pas ? Il faut être fou ! J’étais physionomiste, « physio » comme on dit. Une physio d’accueil.
Où ça ?
Jenny Bel’Air : Un peu partout : Le Palace, Les Bains Douches, Le Nuage... Je le faisais avec mon look à moi, je portais un boubou africain. C’était un look sympathique qui faisait rire.
C’était important, le look ?
Jenny Bel’Air : Capital, même. Tous ceux qui venaient faisaient un effort. Que l’on soit riche ou pauvre, aucun problème, tout le monde jouait le jeu. Je m’amusais beaucoup. Et on côtoyait des gens incroyables !
De la lecture à nous conseiller ?
Jenny Bel’Air : Celui-là, c’est Jenny Bel’Air : Une créature de François Jonquet. C’est particulier d’avoir une biographie de son vivant. Mais au moins, après moi, il y aura de la lecture. Ceux-ci, Une dernière danse ? de Philippe Morillon et Le Palace : remember de Jean Rouzaud, ont une vraie importance pour la documentation de l’époque. Pour témoigner de l’esprit de fête mi-guindé, mi-joyeux. Ce sont deux références, je vous les conseille. On y voit des photos, comme ce photomaton d’Edwige Belmore.
C’était qui Edwige Belmore ?
Jenny Bel’Air : La première physionomiste de l’époque, sa muse la plus importante, la plus extraordinaire. Elle a disparu il y a quelques années.
Ça vous fait quoi de voir ces photos ?
C’est formidable, et très émouvant. Ça témoigne réellement de l’esprit de la fête de l’époque. On peut le voir sur les photos, tout le monde a un godet à la main. Si on n’en avait pas, on n’était rien.
C’était comment, la nuit au Palace ?
Jenny Bel’Air : Bourré au champagne. J’en passe, et des meilleures. On s’enfermait dans un huis clos de plaisir, de stupre et de joie. Pour moi, le Palace, et la nuit au sens large, c’est ça. Tout est permis sans l’être réellement : les peureux, les craintifs et les vicelards se lâchent, certes. Mais les rêveurs, les poètes, les écrivains et les créateurs travaillent. La nuit est à double tranchant.
C’est quoi, votre meilleur souvenir de nuit ?
Jenny Bel’Air : J’en ai beaucoup. Mon meilleur, c’est d’avoir été subjuguée par la beauté d’un marin. Comme je suis timide, je lui ai demandé « est-ce que je peux toucher le pompon ? ». Il m’a répondu « lequel ? » [Rire].
Et alors, vous avez touché le pompon ?
Jenny Bel’Air : [Rire] Oui, ça, on peut le dire !
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