Les bus de Paris et de sa proche banlieue doivent bientôt être ouverts à la concurrence. La décision prise par la région Île-de-France est contestée par certains. Pendant ce temps, certains secteurs historiques de la RATP pourraient être attribués à des opérateurs privés.
"Tout le monde sait qu'on fonce dans le mur. On débute la vente à la découpe du réseau historique de la RATP, mis en place à la Libération", regrette dans un communiqué Céline Malaisé, conseillère régionale (Parti communiste français) en Île-de-France. La présidente du groupe La Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne, réagit à la poursuite de l’ouverture des bus de Paris à la concurrence.
L’élue de gauche évoque "des centaines de trajets supprimés encore la semaine dernière". Cette protestation émerge, pendant que les concertations et les attributions de lots aux opérateurs de bus privés continuent. Cette fois, ils peuvent candidater pour reprendre les lignes de bus à Paris et en proche banlieue.
🚌 LA PRIVATISATION DE LA RATP S’ACCÉLÈRE❗️
— La Gauche communiste écologiste et citoyenne (@GaucheComIDF) October 25, 2024
⚠️ Les 3 premières entreprises privées (sur 12 à terme) qui remplaceront l’entreprise publique sont connues
❌ Critère de choix numéro 1 : le dumping social
🚨 On fonce dans le mur et personne ne veut actionner le frein d’urgence ⤵️ pic.twitter.com/QtHU3sYAQh
Les vainqueurs de ces premiers lots doivent être connus à l'issue d'un vote du conseil d'administration d'Île-de-France mobilités (IDFM) le 12 novembre, précise à l'AFP l'autorité des transports franciliens.
La RATP potentiellement détrônée sur un secteur historique
L'opérateur Keolis est "pressenti" pour obtenir un des trois premiers réseaux de bus ouverts à la concurrence en petite couronne parisienne. C’est ce qu’annonce ce vendredi 25 octobre Ile-de-France-Mobilités, l'autorité des transports franciliens dans un communiqué. La filiale de la SNCF devrait obtenir pour sept ans le lot "Marne et Brie" qui regroupe des lignes exploitées actuellement par la RATP et Transdev.
Ce secteur est à cheval entre les départements de la Seine-Seine-Denis, du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne. Il comprend notamment les communes de Chelles, Pontault-Combault, ou encore Montfermeil. Six centres bus dont le dépôt RATP de Bussy (Seine-et-Marne) sont concernés avec 39 lignes (dont les 206, 207, 209, 211, 212, 213, 220, 310, 312, 320, 321 et 421).
"Nous étions conscients qu'il serait très difficile de tout gagner", a souligné auprès de l'AFP Jean Castex, président-directeur général de la RATP. "Mais nous avons quand même pu faire valoir notre savoir-faire, avec des offres qui ont résolument écarté tout moins-disant social et tout affaiblissement du service public". La RATP, opérateur historique sur ce secteur, pourrait toutefois en conserver deux autres.
L’entreprise publique obtiendrait pour six ans les lots "Boucles Nord de Seine" et "Bords de Marne", qui couvrent les communes de Levallois-Perret, Clichy-la-Garenne, Saint-Ouen, Vincennes, ou Fontenay-sous-Bois, entre autres. La direction de la RATP s'est réjouie de conserver deux lots "très importants".
Nouveaux opérateurs à partir d'août prochain
"Ces gains représentent une reconnaissance claire de notre savoir-faire en matière d'exploitation et de maintenance de réseaux de transport", a déclaré Xavier Lety, directeur de CAP Île-de-France, la filiale droit privé de la RATP qui candidate à ces lots. "Nous espérons que ce sont les premiers d'une série puisque la compétition se poursuit et que nous restons totalement concentrés sur les prochains lots. Ces gains ouvrent également une période cruciale pour préparer le lancement des futures filiales et nous sommes prêts à organiser l'accueil de tous les agents", a-t-il ajouté.
Dix autres secteurs restent à attribuer d'ici octobre 2025. L'exploitation doit débuter à partir d'août 2025 dans le cas de Keolis, et de novembre 2025 pour les deux lots qui devraient être attribués à la RATP. Ces trois premiers lots concernent 2800 agents, pour environ 100 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel au total, selon une source proche du dossier. Les lignes intramuros, les plus stratégiques, doivent être attribuées en dernier.
Les salariés qui rejoignent le nouveau réseau doivent pouvoir continuer à travailler sur leur site avec notamment une garantie de rémunération, au moins pour le premier changement d'employeur.
Une ouverture à la concurrence décriée
En grande couronne, l'ouverture à la concurrence des bus lancée en 2021 est aujourd'hui terminée avec 36 contrats attribués à Transdev, Keolis (groupe SNCF), Lacroix-Savac et RATP Cap Ile-de-France. Les débuts ont été compliqués et des rallonges budgétaires ont dû être votées. L'opposition régionale a condamné vendredi des attributions qui vont "accélérer le processus de dumping social".
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De son côté, Valérie Pécresse, la présidente (Les Républicains) d'IDFM et de la région Ile-de-France, avait indiqué en mai que la situation s'était redressée et que la régularité s'était améliorée grâce des "recrutements intensifs" menés par les opérateurs.
Cette ouverture à la concurrence des bus parisiens de la RATP doit se faire jusqu'à la fin 2026, comme nous l'avions rappelé dans un article.