En grande couronne, les suppressions de bus sont quotidiennes. Des élus au conseil régional ont entrepris un décompte des dysfonctionnements. Ils réclament une audition des opérateurs concernés ainsi qu'un dédommagement des usagers des bus.
"J’ai alerté Île-de-France mobilités sur deux problèmes. Premièrement des lycéens et des collégiens qui ne pouvaient pas entrer dans le bus parce qu’ils étaient pleins et qui arrivaient en cours en retard", explique Jean-Paul Jeandon, le maire de Cergy-Pontoise. "Le deuxième problème concernait les personnes qui allaient travailler et qui rataient leurs correspondances avec le RER A, faute de bus", précise-t-il.
Depuis début septembre, son secteur est l’un des plus touchés par les problèmes de transports en commun. L'édile confirme un manque criant de conducteurs et un nombre de bus insuffisant pour couvrir les besoins de son l'agglomération.
L'opérateur Cergy-Pontoise Confluence dessert ces trois communes : Cergy-Pontoise, Conflans-Sainte-Honorine et Achères. Un large secteur géographique, entre le Val-d'Oise et les Yvelines, desservi par 32 lignes de bus.
Depuis la rentrée, la situation est très compliquée, confirme l'élu, "tous les jours des bus sont annulés faute de personnel ou de matériel", précise-t-il. La raison de ce manque de personnel serait due au départ en vacances "parce que les gens étaient mobilisés pour les J.O. et ensuite sur les J.O.P", indique Jean-Paul Jeandon. Le manque de bus serait lui lié "à des pannes de matériel et des bus en panne, une trentaine de bus sont concernés sur notre secteur", précise le maire de Cergy-Pontoise.
Jean-Paul Jeandon se montre plutôt optimiste, selon lui, le problème et en passe d’être résolu. "On a cinq bus supplémentaires et on devrait avoir quelques améliorations au niveau du nombre de conducteurs d'ici à la fin de semaine", dit-il.
Un décompte depuis trois semaines
Tous les jours depuis trois semaines, le groupe Gauche communiste, écologistes et citoyenne de la région a entrepris de compiler quotidiennement la somme des dysfonctionnements sur de nombreuses lignes de bus de la grande couronne.
🚌 + DE 350 BUS SUPPRIMÉS LE JOUR MÊME EN GRANDE COURONNE❗️
— La Gauche communiste écologiste et citoyenne (@GaucheComIDF) September 30, 2024
Le résultat de la pénurie de conducteur•trices de bus directement liée au dumping social mis en œuvre par @IDFmobilites avec la mise en concurrence des opérateurs de bus
❌ Suite des bus supprimés ⤵️#STOPGALERE pic.twitter.com/hRxhZqNPem
Le mardi 24 septembre, selon le décompte du groupe communiste, 354 courses ont été officiellement supprimées sur les réseaux de Cergy-Pontoise Confluence, Vélizy Vallées, Argenteuil Boucles de Seine, Bièvre, Centre et Sud Yvelines, Evry Centre Essonne, Roissy Est, Saint-Quentin-en-Yvelines, Ile-De-France Ouest, STBC, Poissy – Les Mureaux, Haut Val d’Oise, Paris Saclay, Val d’Yerres Val de Seine et Essonne Sud-Ouest.
Cette liste a été établie à partir de "l’information voyageurs" des 15 opérateurs concernés, hors aléas d'exploitation, "c’est-à-dire en ne comptant pas les accidents de la route qui ne sont pas de la responsabilité d'Île-de-France mobilités", précise Céline Malaisé, présidente de la Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne.
Un état des lieux qui se veut au plus près de la réalité. "Nous souhaitons par cette démarche, remplacer Île-de-France mobilités qui n' informe pas les usagers sur les suppressions de bus et démontrer que la situation n'est pas réglée contrairement aux discours de Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, qui assurait qu'il n'y avait plus de problèmes de recrutement", explique Céline Malaisé.
Des différences de traitement en fonction des zones géographiques sont soulignées par ce décompte. "En plus de faire l’inventaire des suppressions, on remarque qu’en fonction des zones géographiques, il n’y a pas le même traitement", souligne Céline Malaisé.
"Il y a des opérateurs qui sont mis en demeure parce qu’il y a quelques courses supprimées et que ça fait du bruit, et là où il y a des centaines de suppressions, il n'y a pas de mise en demeure, pourquoi une telle différence de traitement, aujourd’hui, nous n'avons pas de réponse", s'interroge la présidente de groupe.
"99,5 % des courses sont faites"
De son côté, Île-de-France Mobilités admet "qu'il reste quelques situations locales sur lesquelles tout est mis en œuvre pour que l’offre soit totalement normale", mais réfute les chiffres avancés par les élus de la Gauche Communiste, Écologiste et Citoyenne. "Les informations données par Mme Malaisé sont fausses." (...) "Ce sont 350 courses qui sont supprimées et non pas des bus supprimés."
Selon l'autorité régulatrice des transports, "99.5% des courses sont faites sur les 60 000 réalisées quotidiennement en grande couronne. C’est mieux qu’ailleurs (98 à 99 % d’offre réalisée dans les autres régions), ajoutant que Valérie Pécresse, la présidente de région, a "bien rappelé aux opérateurs que la rentrée scolaire était une priorité".
Dédommagement pour les usagers
Dans un courrier envoyé le 30 septembre à la présidente de région, les élus d'opposition réclament une audition des opérateurs concernés par les importantes défaillances et un dédommagement des usagers avant la fin de l'année 2024.
A Cergy-Pontoise, le maire veut voir le bout du tunnel. "Les élus sont mobilisés", explique-t-il. "Nous avons encore eu une réunion hier avec Cergy-Pontoise Confluence pour savoir quand la situation allait repasser à la normale". L’élu a bon espoir. "Des intérimaires sont prévus pour remplacer les chauffeurs absents". Le maire espère un retour progressif à la normale d'ici à la fin de semaine.