Le 27 mars 2002, un homme ouvre le feu à la fin du conseil municipal de Nanterre. En 58 secondes, il tire à 37 reprises en direction des élus, les policiers évoqueront "un acte de démence suicidaire".
Il est 1h15 du matin à l'hôtel de ville de Nanterre. Dans la salle du conseil municipal, 64 personnes sont présentes pour le vote du budget de la commune. Jacqueline Fraysse, la maire de Nanterre entre 1988 et 2004, annonce alors la fin de la séance lorsqu'un "non", lui répond du fond de la salle. Un homme installé dans le public se lève. Richard Durm sort une arme à feu jusqu'alors cachée sous sa veste et tire. Les cris résonnent contre les murs du conseil municipal.
8 morts et 19 blessés
L'assaillant fait feu 37 fois. Il vise principalement les élus. En moins d'une minute, il en tue huit :
- Louisa Benakli, adjointe déléguée à l'enfance
- Christian Bouthier, conseiller municipal du groupe communistes et initiative citoyenne
- Jacotte Duplenne, adjointe déléguée à la jeunesse et à l'enseignement secondaire et supérieur
- Monique Leroy-Sauter, membre du groupe Union pour Nanterre
- Olivier Mazotti, membre du groupe Union pour Nanterre.
- Valérie Méot, secrétaire de la section locale du PCF
- Michel Raoult, membre du groupe Union pour Nanterre
- Pascal Sternberg, conseiller régional les Verts
À la fin de la fusillade, on comptabilise 19 blessés dont 14 blessés graves :
- Jean-Pierre Campos, maire-adjoint, délégué au patrimoine communal
- André Cassou, maire-adjoint, délégué à l’habitat et à la sécurité
- Pierre Creuzet, conseiller municipal du groupe Union pour Nanterre
- Abid El Khattabi, conseiller municipal du groupe communistes et d'initiative citoyenne
- Patrick Jarry, conseiller municipal chargé du contrat de ville
- Philippe Lacroix, maire-adjoint, délégué à la petite enfance
- Estelle Le Touzé, conseillère municipale les Verts
- Marie-Laure Meyer, maire-adjoint, délégué au développement économique et à l'emploi
- Bernard Nicaud, fonctionnaire territorial
- Gérard Perreau-Bezouille, maire-adjoint, délégué aux finances, aux nouvelles technologies et aux relations internationales
- Marie-Josée De Jenlis, conseillère municipale du groupe Union pour Nanterre
- Marie-Claude Garel, maire-adjointe
Après plusieurs mois de soins, 12 des 19 victimes conserveront malgré tout un handicap définitif.
Le suicide et l'hommage
Le tueur est finalement maîtrisé par huit élus et un agent communal. Il leur hurle alors : "Tuez-moi !". Une volonté de mettre fin à ses jours qui ne le quitte plus. Richard Durm se défenestre quelques jours plus tard, du quatrième étage du 36 quai des Orfèvres, après être passé aux aveux.
La police retrouve également une lettre envoyée à une amie dans laquelle il décrit son intention de tuer "l'élite" de cette ville qu'il "exècre".
Ce qu'on appelle à présent "la tuerie de Nanterre" a marqué son temps en créant de nombreuses polémiques sur le contrôle des armes à feu, l'insécurité et le manque de vigilance des forces de l'ordre. Certains dénoncent même une instrumentalisation de Jacques Chirac, alors président de la République et qui rendra un hommage national aux victimes, à l'aube de la présidentielle.
Pour lui aussi rendre hommage à ces victimes et à leurs proches, Vivien Desouches et Gilles Juan ont donné la parole à celles et ceux qui restent, après l'horreur. Ils évoquent ensemble leurs souvenirs de cette affreuse nuit et reviennent sur le courage des élus, la vie des êtres aimés à présent disparus dans "58 secondes", un documentaire à voir ce jeudi sur France 3 Paris Île-de-France à 22.50 et déjà disponible en replay sur france.tv/idf