Quatre employés de l'entreprise Bonnat de Montlhéry dans l'Essonne ont trouvé porte close à leur retour des fêtes de fin d'année. Les dirigeants sont partis sans donner d'explications à ces employés désemparés.
Un procès-verbal sur la porte et une serrure changée. Depuis mercredi matin et son retour de vacances, impossible pour Yohann Motté de pénétrer dans l'entreprise où il travaille depuis 23 ans : "J'ai compris tout de suite la situation, je me suis dit 'autant rester devant pour pas faire abandon de poste' et depuis mercredi je reste soit dans la voiture soit dehors".
Spécialisée dans la rénovation intérieure, l'entreprise a fermé sans même une annonce aux quatre salariés. Tous en CDI, ils repensent aux signes avant-coureurs comme la paye non versée depuis trois mois. La situation est encore plus insupportable pour Patrice Bonnat, frère du fondateur de la société et oncle de l'ex-gérante : "C'est très dur à encaisser surtout quand c'est la famille, c'est encore plus dur. Je n'aurais jamais imaginé finir comme ça".
Une porte de sortie pour les employés
Une entreprise qui ferme sans crier gare, une histoire loin d'être inédite, selon maître Mohamed Diarra, avocat en droit du travail, qui a l'habitude d'accompagner des clients aux prud'hommes : "La chance qu'ont les salariés c'est qu'il existe un fonds qui s'appelle l'assurance de garantie des salaires, financé par les cotisations patronales qui, justement, a vocation à intervenir lorsqu'une entreprise est défaillante [...] donc tout espoir n'est pas perdu".
Le secteur du bâtiment connaît des difficultés, en grande partie à cause de la hausse du coût des matériaux, mais les offres d'emploi restent nombreuses. "On sera à leurs côtés pour les accompagner", assure Fabien Daurat, président de la fédération française du bâtiment 91. "Il faut que l'entreprise se déclare auprès du tribunal, ouvre une procédure collective et qu'elle aille vers la liquidation judiciaire pour pouvoir permettre aux salariés d'être licenciés et qu'on puisse tenter de leur retrouver un emploi".
Contactés, le repreneur de l'entreprise et l'ex-gérante n'ont pas répondu à nos sollicitations. Les salariés, eux, attendent qu'un huissier confirme qu'ils n'ont pas abandonné leur poste.