Relocaliser la production de médicaments en France pour limiter les ruptures de stock, c'était l'une des priorités du gouvernement à l'époque de la crise covid. Trois ans plus tard, l'une des enterprises érigées en exemple à l'époque va licencier plus d'un tiers de ses salariés à Villeneuve-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine.
Pétards, fumigènes et cornes de brume, ils étaient une cinquantaine à venir se faire entendre hier à Massy (Essonne), lieu des négociations entre Seqens et les syndicats. Derrière les baies vitrées entourées de grévistes se tenait la deuxième des huit rencontres prévues entre les deux parties.
Pour l'une des syndicalistes, c'est une mauvaise gestion de l'entreprise qui conduit à la suppression d'un tiers des effectifs : "La société a décidé de mettre tous ses œufs dans le même panier et de mettre à peu près 80% de notre chiffre là-dedans. On a perdu ce client aujourd'hui, ce client ne nous paye pas. Aujourd'hui, toutes les personnes qui ont été embauchées pour cette nouvelle unité n'auront plus de poste à partir de janvier", dénonce Axelle Cocud, secrétaire adjointe du CSE-CFDT.
Un sentiment de trahison
En août 2020, Emmanuel Macron s'était déplacé dans les locaux de l'usine Sequens pour promouvoir la relocalisation par l'innovation. L'entreprise avait alors embauché une trentaine de salariés comme Yanis dont l'emploi est aujourd'hui menacé : "En général, quand on atteint des objectifs, on est récompensé, nous, c'est l'inverse [...], on nous sanctionne et on nous menace de licenciement. Je m'inscrivais dans la durée ici, le projet était intéressant, on voulait faire de belles choses", regrette Yanis Sroutta, chef d'équipe chez Seqens.
De son côté, à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le maire ne peut que constater le gâchis : "La municipalité, directement, ne peut pas intervenir sur la situation d'une entreprise privée, par contre, on peut accompagner ces salariés, leurs familles, en fonction des difficultés qu'ils pourraient rencontrer suite à ce plan social. On est à la disposition de l'ensemble des salariés", assure Pascal Pelain, maire (UDI) de Villeneuve-la-Garenne.
Malgré nos sollicitations, la direction de Seqens n'a pas souhaité répondre à nos questions. Ce mardi, près de 65% des salariés étaient en grève, une cagnotte a été mise en place.