11% des foyers auraient subi une infestation de punaises de lit de 2017 à 2022, selon un sondage IPSOS. Pour se débarrasser de ces petits insectes, des ménages se résignent à faire appel à des entreprises spécialisées. Et leurs interventions sont souvent très onéreuses. On vous explique qui doit payer.
Elles reviennent avec vous d'un voyage. Elles s'introduisent dans votre maison en compagnie d'un proche. Elles passent par les parties communes de l'immeuble. Tout le monde peut être victime d’une infestation de punaises à son domicile. Sans distinction sociale. Selon l'ANSES, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, "leur présence ne traduit pas un manque de propreté". Entre 2017 et 2022, plus d’un foyer français sur dix a été infesté par des punaises de lit selon ce sondage IPSOS.
Une augmentation des interventions
La prolifération des punaises de lit fait les affaires des sociétés spécialisées dans la désinsectisation. Un secteur dynamique et très lucratif. En Île-de-France, plusieurs dizaines de sociétés opèrent dans ce secteur. Pour éviter la fraude et les escroqueries, le ministère de la Transition écologique a passé un accord avec la CS3D, la Chambre syndicale de désinfection, désinsectisation et dératisation. La CS3D met à disposition du grand public un annuaire d'entreprises certifiées et spécialisées dans le traitement anti-punaises.
Parmi elles, la société Punaise Party qui intervient sur toute l'Île-de-France. Créée il y a seulement trois ans, cette société a constaté une croissance de es activités de l'ordre de 50 % et "particulièrement cette année" précise son gérant Vincent Cassat. "On a pas mal de sollicitations après cet été, des personnes qui ont voyagé et nous appellent ( .. ) beaucoup de particuliers". Et quand les " techniciens punaises" de cette société se déplacent, ils demandent régulièrement aux particuliers de faire une enquête de voisinage. "S'il y a des punaises chez les voisins et si on ne traite pas l'étage au-dessus, en dessous ou à côté, ça finit par revenir", assure Vincent Cassat.
La désinfestation peut coûter cher : de 2000 à 5000 euros. Tout dépend du traitement choisi, de la surface à traiter, et même selon le besoin, du cubage du mobilier. Le patron de Paris'Gien, une entreprise certifiée, située à Bobigny en Seine-Saint-Denis revendique 15 000 interventions par an. Une clientèle de "44 000 logements en Île-de-France", calcule son PDG Hedy Osmani. Ce sont "des logements sociaux, des appartements de particuliers, des mairies, des théâtres". Et dernièrement dans le carnet de commandes de cette entreprise est apparu un client inédit : "cette année on a fait des cinémas et ça c'est tout à fait nouveau pour nous !", annonce-t-il. Le coût des interventions est variable mais peut passer du simple au triple selon le mode de traitement. "Ça peut aller du traitement chimique à la mise en chambre froide du mobilier en passant par le traitement à la vapeur", précise le patron de cette entreprise.
Une prolifération d'appels !
Depuis le début de l'été, les punaises pullulent tout comme se multiplient les appels que reçoit cette conseillère juridique de L'ADIL du Val-de Marne, l'Agence départementale pour l'information sur le logement. "Il y a une prolifération d'appels - pour les punaises - depuis le début de l'été", reconnaît Diabou Keïta, conseillère juridique.
Très sollicitée, cette juriste répond notamment aux questions des particuliers sur la prise en charge financière du coût d’une opération de désinsectisation à domicile. Qui va payer l'extermination de ces punaises ? Diabou Keïta est assertive :"c'est au bailleur que revient la responsable de payer". Selon le ministère de la transition écologique, le bailleur supporte les frais de détection et de désinfestation des punaises de lit. Si le bailleur refuse de prendre en charge l’intervention, le locataire peut saisir la commission départementale de conciliation ou saisir le tribunal judiciaire.
"Il y a une réponse ministérielle - confirmé en 2019 par le ministère du Logement - qui établit la responsabilité pour le bailleur, sauf s'il arrive à prouver que le locataire a ramené des punaises ou qu'il y a un défaut d'entretien de sa part", nuance néanmoins Diabou Keïta. "Le bailleur peut dire qu'il n'y avait pas de punaises au début dans le logement qu'il était sain ( .. ) et c'est souvent la parole du propriétaire contre le particulier", conclut-elle.