Une friche culturelle éphémère s'installe dans l'ancien campus Censier de Paris

Un vaste tiers-lieu culturel axé sur la transmission des savoirs a investi pour deux ans l'ancien campus de Sorbonne-Nouvelle Censier. Un espace de 25 000 m² baptisé "Césure" qui ouvrira au public en début d'année.

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Les néons froids pour seule lumière, les courants d'air pour seuls chuchots. Comme un air de fin du monde dans ces couloirs vides de l'ancien campus Censier. On y accueillerait bien une dernière rave avant l'apocalypse. Déambuler dans ces classes et amphis déserts inspire l'imaginaire. Il faut dire que le potentiel interlope est grand dans ces 25 000 m².

Mais il ne faut se fier à cette veille de Noël, l'immense espace brassera bientôt du monde. Cent quatre-vingt structures culturelles et associatives ont pris les clés du lieu depuis le départ, au printemps dernier, des milliers d'étudiants en lettres, arts et sciences humaines déplacés sur le nouveau campus de Nation, dans le 12e arrondissement. 

Friche de transmission

Depuis, le lieu est une "friche", un "tiers-lieu", un "terrain d'expérimentation". Les termes varient selon l'interlocuteur. C'est en tout cas "l’invention d'un espace collectif", tranche Axel Henry, responsable communication chez Yes We Camp. L'association est co-fondatrice du projet avec Plateau urbain, ces deux structures œuvrent pour remettre du collectif là où il n'y a plus personne.

La première crée des espaces "ouverts, généreux et créatifs", dixit leur com' ; la seconde conçoit des espaces de travail à moindre coût, à destination d’acteurs culturels et associatifs, portés sur l’économie sociale et solidaire. Ensemble, Yes We Camp et Plateau urbain ont donc créé "Césure", ce vaste espace de travail réceptacle de propositions artistiques et festives diverses. L'Epaurif, le gestionnaire du patrimoine universitaire francilien, avait lancé un appel à projet. L'enjeu était que ce lieu ne reste pas à l'abandon pendant ces deux ans de latence avant les grands travaux à venir, dont une opération de désamiantage prévue pour juillet 2024. 

Ainsi, des stigmates d'installations en cours s'affichent un peu partout en ce jour de visite. Des pans de murs qui se colorent ici et là, une salle mi-cantine mi-boutique Emmaüs qui prend forme, des espaces de repos qui naissent. Huit salles d'apprentissage sont prévues en tout. Et si la programmation se fignole, certains éléments fuitent volontiers. Une salle XXL accueillera les soirées rollers-disco, un amphi recevra conférences et projections, une autre salle sert déjà pour de la distribution alimentaire par l'association Cop1. Car Césure ne sera pas uniquement lieu de transmission, ce sera aussi un terrain de lutte contre la précarité étudiante. 

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L'enjeu de l'immobilier solidaire (et éphémère)

Rien d'étonnant à ce que Plateau urbain et Yes We Camp aient été choisis pour s'occuper de ces deux années de transition. Spécialistes de "l'urbanisme transitoire", ils ont déjà prouvé par le passé leurs capacités à donner une vie nouvelle aux lieux éteints. C'était eux qui avaient investit de 2015 à 2020 l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul, avenue Denfert-Rochereau (14e arrondissement). L'éphémérité des projets fait partie intégrante de leurs actions, elle ne les dépriment pas. "On a l'habitude de se placer dans les interstices, de tenter des choses sur une courte durée", explique Gabrielle Dubois, salariée chez Plateau urbain. "Le caractère éphémère nous booste à vrai dire, il ne faut pas perdre de temps, et si ça ne marche pas, ce n'est pas grave"

Gabrielle Dubois est en charge des 180 "occupants" choisis pour Césure. Un choix fait parmi huit cents candidatures. Depuis leur installation, chacune des structures paie une "redevance" dérisoire à l'Epaurif, une vingtaine d'euros par mètre carrée pour couvrir les factures d'énergie. Elle se sont aussi engagés, par question de sécurité, à ne réaliser aucun travaux d'ampleur.

Ces structures sont variées, allant du Crous à de petits artisans, de compagnies de théâtre à diverses entreprises de l'économie sociale et solidaire. "Nous avons choisi celles qui s'inscrivent dans notre volonté de transmission des savoirs". Gabrielle Dubois nous fait la visite bavarde. Elle est sur ce projet depuis des mois, et connait maintenant par cœur ce campus qu'elle n'avait jamais fréquenté auparavant. "Nous avons eu cette idée de jouer avec l'histoire du lieu..." 

Césure ouvrira ses portes au public début 2023 mais aucune date précise ne peut être donnée avec ces "commissions sécurité qui ralentissent". Une tête passe enfin derrière une porte, c'est celle de Clément Levassort, un des 180 occupants. Le garçon travaille pour Les Petits débrouillards, une asso d'éducation populaire tournée sur les sciences. "On rentrait parfaitement dans la ligne de Césure", explique-t-il. Il a la banane, cette "émulsion collective" lui plaît, il l'avait déjà expérimentée avec les Grands voisins, le projet éphémère dans l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul.

"Les Petits débrouillards n'ont pas de lieu alors, avec ce genre de projet, on acquiert un espace qui nous permet d'accueillir du public, de faire venir des classes". Clément Levassort salue sa collègue qui le rejoint et raconte la bonne entente avec ses voisins de pallier, "ça change tout ici pour nous". Et s'il est déjà acté que tout ceci sera temporaire, qu'il faudra un jour rendre les clés et partir, le garçon s'en moque bien, se pose en philosophe, lui qui en a connu des calendriers, des cartons à emballer et déballer. "L'itinérance à ses vertus..."

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