"Rue des Archives" nous plonge dans la mémoire de la télévision. Cette semaine, l'émission s'intéresse à la vie des étudiants franciliens, à l'heure de la rentrée universitaire. Une vie bouleversée, des années 60 à nos jours.
Un chamboulement, une révolution... En 60 ans, la vie des étudiants français s'est radicalement transformée. Rien que dans les chiffres, ce bouleversement est tangible. En 1960, 310 000 jeunes étaient inscrits à l'université ou dans les grandes écoles. En 2021, ils étaient trois millions, selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur. Soit quasiment dix fois plus.
"Il y a eu une première vague de massification étudiante dans les années 60", explique Anne-Sophie Coppin, déléguée générale de la Fondation Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Autant d'étudiants à accueillir au sein des universités du pays. Dans la foulée de Mai-68, la loi Faure sur l'orientation de l'enseignement supérieur du 12 novembre 1968 transforme le paysage des universités. Terminée la seule et unique Sorbonne. Treize universités autonomes voient le jour rien qu'en région parisienne. Elles seront une soixantaine sur l'ensemble du territoire national.
Des petits boulots, hier et aujourd'hui
Avec le dynamisme démographique de l'après-Guerre, les portes de l'université s'ouvrent aux masses. Mais si les étudiants de 1960 étaient davantage issus de milieux favorisés, la question de leurs conditions de vie se posait déjà dans les reportages de l'époque.
"Dénicher un petit job pour se constituer de l'argent de poche, ça n'est pas bien grave. Et on trouve toujours un peu de temps pour bûcher ses cours dans un bistrot", explique un journaliste, dans un reportage de la 2e chaîne, en 1964. "Huit étudiants sur dix pratiquent au moins une fois pendant leurs études, un travail rémunéré", affirme le commentateur. "Sur cinq étudiants qui vont à leurs cours, quatre ne font pas que cela."
Pompiste, cours du soir... Autant de petits boulots décrits dans ce reportage des années 60. Mais qu'en est-il 60 ans plus tard ? Ces métiers ont changé, "parce que la société a changé", analyse Anne-Sophie Coppin. "L'arrivée du numérique, le digital, l'intelligence artificielle ont fait que les petits jobs étudiants ont changé par nature. Mais également parce que les jeunes aujourd'hui sont en quête de sens", précise-t-elle. "Quand ils peuvent avoir un job en accord avec leurs valeurs... Ils le privilégient."
Où sont les femmes (en sciences) ?
Autre tendance de fond, sur les bancs de l'université : l'arrivée des filles. La proportion des étudiantes va s'équilibrer avec la part des garçons au cours du 20e siècle. De 34 % en 1950, les filles pèsent pour la moitié des étudiants en 1980. Mais d'importantes disparités persistent en fonction des matières.
"Combien âpre est la vie de la jeune étudiante."
Marie Curie, prix Nobel de physique et de chimie
Figure féminine de l'excellence scientifique, Marie Curie en sait quelque chose. En 1900, les filles représentaient 3,3 % des étudiants.
Si le droit s'est considérablement féminisé depuis le début du 20e siècle, la tendance est loin d'avoir été aussi prononcée pour les sciences dures. "Il y a une surreprésentation des filles en sciences humaines", précise Anne-Sophie Coppin. Mais du côté des sciences dures, comme les mathématiques, "les filles ont encore des difficultés à accéder aux bancs de l'université".
Il faudra ainsi attendre 1972 pour voir les sept premières étudiantes intégrer l'Ecole Polytechnique. Parmi elles, Anne Chopinet, major au concours d'entrée. Clin d'œil des archives, celle-ci confie au journaliste qui l'interroge : "Je ne me sens pas anormale, parce que j'ai réussi le concours de Polytechnique."
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #4, consacré à la rentrée étudiante à Paris, des années 60 à nos jours.