"Rue des Archives" nous plonge dans la mémoire de l'audiovisuel. Cette semaine, coup de projecteur sur la nuit parisienne. Voulu par Louis XIV, l'éclairage des rues de la capitale a évolué en fonction des époques et des techniques.
Vu de l'espace, il ne fait aucun doute que Paris mérite son surnom de "Ville lumière". Comme sur cette photo prise depuis la Station spatiale internationale, sur laquelle se détachent tels des fils d'or les rues de la capitale pongée dans la nuit.
Dotée de plusieurs dizaines de milliers de points lumineux, la ville s'éclaire aujourd'hui à l'électrique. Mais aux origines de l'éclairage urbain, sous le règne de Louis XIV, ce sont des lanternes de cire et de suif qui percent l'obscurité.
En 1666, le Roi-Soleil veut reprendre en main Paris. "Il s'est occupé de l'éclairage, mais aussi du pavage des rues", explique Agnès Bovet-Pavy, réalisatrice et auteure de “Lumières sur la ville : une histoire de l’éclairage urbain” (Les Pérégrines / Arte éditions, 2018). "Sa mesure-phare a été de nommer un lieutenant général de police" : Gabriel Nicolas de La Reynie. C'est ce dernier qui met en place le système des commis-allumeurs, ces habitants élus dans chaque rue pour allumer les chandelles dispersées dans Paris. Une corvée pour les malheureux Parisiens désignés, qui donnera parfois lieu à des abus, sanctionnés par la justice.
La signature lumineuse des grandes cités
De la lanterne à l'invention du réverbère... Le temps s'écoule et les technologies changent. Le gaz s'invite, non sans difficultés, dans les rues des villes, au cours du 19e siècle. Puis vient le temps de l'électricité, alors qu'une exposition internationale est consacrée à cette découverte, à Paris, en 1881.
"Les Parisiens ont une appétence très forte pour la lumière", poursuit Agnès Bovet-Pavy. La capitale française s'attribue son surnom de "Ville lumière" lors de l'Exposition universelle de 1900. De l'arc électrique des origines à la lampe à incandescence, le champ des possibles s'élargit. Une lumière qui émane des réverbères, mais aussi de la publicité.
"Les publicités lumineuses se multiplient, avec le néon, découvert en 1910."
Agnès Bovet-Pavy, réalisatrice et auteure"Rue des Archives", 2 décembre 2022
"La vie des grandes cités est aujourd'hui marquée par la lumière", observe un reportage de l'ORTF en 1969. "Quand on dit Brooklyn, Piccadilly, Champs-Elysées... On pense lumière."
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Paris retrouve de sa superbe, la nuit : Notre-Dame, la Tour Eiffel... Autant de monuments mis en lumière avec fierté. En 1965, un reportage de l'ORTF évoque le chiffre de 6000 lampes pour éclairer 86 monuments parisiens.
Des édifices que les Parisiens eux-mêmes peuvent choisir de mettre en lumière, à la demande. Moyennant "15 francs de l'heure" pour l'Ecole militaire et "275 francs" pour la Tour Eiffel, précise l'ingénieur général des services techniques de la Ville de Paris.
L'ère de la LED pour embellir Paris
En 1975, les Champs-Elysées brillent par leur sobriété. En cette veille de Noël, l'ORTF interroge des passants sur la célèbre avenue parisienne, qui restera sans illuminations. "Je suis un peu déçue car j'avais deux jeunes filles venues de Bretagne à qui je voulais montrer les Champs-Elysées, et Paris illuminée", confie une dame.
Une sobriété bien avant l'heure des LED. Ces diodes électroluminescentes, moins gourmandes en électricité, représentent aujourd'hui près d'un quart des points lumineux de la capitale, derrière les lampes à sodium ultradominantes.
La LED, technologie sobre et subtile... Bien loin de l'utopie de la colonne Soleil, une tour de 360 mètres de haut, envisagée pour l'Exposition universelle de 1890 par l'ingénieur Jules Bourdais. Gigantesque réverbère, cette tour devait éclairer Paris dans son intégralité. Du bois de Boulogne à celui de Vincennes.
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #10, consacré à l'histoire de l'éclairage à Paris.