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VIDEO. Des vespasiennes aux sanisettes du futur, une histoire parisienne des WC publics

"Rue des Archives" nous plonge dans la mémoire de l'audiovisuel. Cette semaine, l'émission remonte le fil des toilettes publiques. Des vespasiennes aux sanisettes les plus modernes, retour sur la folle histoire de l'hygiène dans les rues de la capitale française.

Des vespasiennes aux sanisettes les plus modernes, la question de l'hygiène dans les rues des villes n'est un fait politique que depuis quelques siècles. Mais depuis toujours, c'est une question centrale, qu'il a bien fallu traiter : celle de la satisfaction de nos besoins élémentaires, alors que le concept de propreté a évolué au fil du temps.

"Au cours du Moyen Âge, c'était de l'auto-organisation", explique Claude Lussac, essayiste et auteur de "Pisser à Paris, guide pratique et culturel des WC gratuits" (ed. du Palio, 2012). Un certain changement intervient à la Renaissance, mais ce n'est que sous le règne de Louis XIV que cette intervention des pouvoirs publics en matière d'hygiène s'est accélérée. Dans le courant du 18e siècle, des tonneaux se multiplient dans les rues de Paris, sous l'impulsion du lieutenant général de police Sartine, "décidé à mettre un peu d'ordre dans ces questions".

Vespasiennes et lavatories pour les besoins de tous

Un changement de taille intervient au 19e siècle, lorsque le préfet Rambuteau fait installer les premières vespasiennes, ces urinoirs réservés aux hommes, sur les trottoirs de la capitale. Des urinoirs parfois nichés dans les "colonnes moresques", publicitaires, disposées dans Paris.

Lieux nécessaires, ces vespasiennes seront aussi des lieux bien utiles pour héberger les rencontres entre hommes, à une époque où l'homosexualité est pénalement répréhensible. Ou pour la Résistance, durant la Seconde Guerre mondiale. Si Rambuteau en fait installer près de 500 dans les rues de Paris... Il n'en reste aujourd'hui plus qu'un vestige, boulevard Arago, dans le 13e arrondissement.

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Quasiment disparues, les vespasiennes ont suscité la curiosité d’un célèbre réalisateur britannique, Alfred Hitchcock, en 1969. ©INA - ORTF / 2e chaîne, 28 septembre 1969

Une hygiène bienvenue également dans les lavatories, ces WC publics permanents, installés en sous-sol ou dans des bâtiments, tenus par les fameuses "dames pipi". Installées dans les années 60, ces toilettes seront progressivement confiées au secteur privé, avec des conséquences sociales pour leur personnel. Et pour l'usager : la pause technique est désormais payante.

Les sanisettes automatiques... Révolution pour les femmes

Au début des années 80, une révolution technologique remue l'univers des toilettes publics. Les sanisettes JCDecaux, installées à Paris en 1981, accessibles aux hommes... et désormais aux femmes. "C'est un peu affolant", confie l'une des premières utilisatrices interrogée par Antenne 2. "J'ai toujours peur que tout remue d'un coup... Et qu'on soit coincé."

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Le vrai changement pour les Parisiens intervient avec les toilettes automatiques, en 1981. Elles sont accessibles aux Parisiens, et désormais aux Parisiennes. ©INA - Antenne 2, 29 septembre 1981 & France 3 Paris Île-de-France, 18 avril 2005

Durant 24 ans, les 400 sanisettes automatiques de la capitale resteront payantes. La Ville de Paris décide en 2005 de les rendre gratuites. "Cela a facilité l'accès. On ne se pose plus la question de payer quelque chose pour aller dans une sanisette. Evidemment, les dames-pipi ont disparu... C'est une autre époque, comme le temps perdu", constate l'essayiste, citant Marcel Proust. "Il y a des scènes très célèbres de dames pipi dans A la recherche du temps perdu", conclut Claude Lussac.

Des sanisettes qui devraient changer de visage, à l'horizon 2024. Leur exploitant JCDecaux les remplacera progressivement par des modèles plus économes en eau et en électricité... Tout en doublant leur capacité d'accueil.

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