À Montreuil, en Seine-Saint-Denis, un collectif de riverains se mobilise depuis les années 2000 contre les rejets d'un sous-traitant d'Airbus et Safran. L'usine a été démolie en 2022, le chantier de dépollution devrait commencer avant la fin de l'année et les habitants craignent d'être exposés une nouvelle fois à des substances toxiques.
Dans sa chambre, Nicolas Barrot a dû installer un capteur un peu spécial "qui capte aussi bien les poussières que le gaz. Ce qu'on recherche ce sont les COV [composés organiques volatils. NDLR], des gaz cancérigènes qui peuvent sortir des sols (...). Les poussières ce seraient plutôt pour chercher des métaux lourds" explique ce voisin de l'ancienne usine SNEM.
La maison de Nicolas donne sur la friche de l'ancienne usine spécialisée dans le traitement de pièces aéronautiques. Sous les bâches plaquées au sol, une terre potentiellement contaminée qui inquiète les habitants : "On est obligés, vu ce qu'il s'est passé depuis 15 ans (...) de rester très méfiants et d'être tout le temps sur le qui-vive et de suivre le dossier de très près", explique le propriétaire.
La SNEM est un sous-traitant d'Airbus et de Safran accusée d'avoir rejeté des produits toxiques dans la rue et le sol. En 2017, les habitants passent à l'action suite à un nouveau cas de leucémie infantile dans le quartier. Aucun lien formel n'est établi mais les doutes restent et l'usine ferme.
L'été dernier, l'édifice est démoli. Les riverains dénoncent un manque de contrôle et portent plainte pour mise en danger de la vie d'autrui.
Comment rétablir la confiance ?
Le propriétaire du terrain a dû changer de méthode : "On a mandaté un organisme qui est spécialisé dans la médiation et qui nous a permis d'intégrer des mesures supplémentaires de protection du site et de protection des riverains que nous n'avions pas anticipées", reconnaît Florent Guéguen, président d'Est Ensemble Habitat.
Le site va être dépollué, il accueillera des logements sociaux. Une victoire au goût amer pour les habitants, après 15 ans de lutte.