L'AP-HP a pour projet de faire entrer des commerces dans l'hôpital parisien. Un promoteur est désigné depuis quatre ans mais le projet est bloqué au niveau du conseil de Paris car une partie des élus de gauche s'y oppose.
Vu de l'extérieur, l'Hôtel-Dieu n'a pas changé depuis l'époque du baron Haussmann. À l'intérieur en revanche certains services, la chirurgie notamment, ont disparu ces dernières années. l'AP-HP a souhaité en faire un établissement différent des autres hôpitaux parisiens. "On s'est dit qu'il fallait revenir à ce qui était l'essence même de ce qui était l'Hôtel-Dieu, c'est-à-dire, un hôpital qui se focalise sur les patients fragiles et précaires, et sur la prévention et le dépistage qui sont des éléments qui sont moins bien faits dans des hôpitaux comme la Pitié-Salpêtrière ou Cochin parce que, dans ces hôpitaux, on soigne des maladies lourdes, des malades chroniques, etc." d'après le professeur Frédéric Batteux, directeur médical de l'Hôtel-Dieu AP-HP.
Entre médecins, les opinions divergent
En transférant ainsi des services, 20 000 m2 se retrouvaient alors disponibles en plein coeur de la capitale. Un promoteur immobilier a été choisi et un architecte désigné pour y construire des logements mais également des commerces dont un restaurant et un incubateur de start-ups médicales. De jeunes créateurs d'entreprise sont même déjà installés sur place.
Pour Stéphane Tholander, cofondateur de la société Agora Health, "le fait d'être ici nous permet d'être au plus près des patients, des soignants et aussi d'équipes de recherches médicales de renommée internationale et donc pour développer et co-développer nos outils c'est absolument essentiel".
Cette cohabitation entre activité hospitalière et privée est pourtant contestée notamment par certains médecins urgentistes. "Hébergez des sarts-ups ça n'a pas de sens, ça ne soigne pas la population. On a applaudi les soignants et là on va mettre des start-ups, on va mettre des magasins de luxe ? Alors bien sûr, ça génèrera de l'activité économique parce qu'on est au pied de Notre-Dame, c'est un quartier touristique, mais ce dont on a besoin au quotidien, et toutes les équipes d'urgence le disent, dans tous les hôpitaux, on a besoin de lits pour hospitaliser les malades." martèle le docteur Gérald Kierzek, médecin-urgentiste à l'Hôtel-Dieu AP-HP.
Quand le public devient privé
Pour la direction de l'AP-HP, les activités privées profiteront à l'hôpital. Novaxia, le promoteur désigné doit en effet verser 140 millions d'euros pour rénover le bâtiment. Mais Nicolas Castoldi, directeur exécutif de l'initiative à l'AP-HP, a aujourd'hui besoin de certitudes : "on s'apprête à lancer les travaux lourds sur la partie hospitalière (...) pour faire ces investissements considérables, on a besoin d'être certains qu'on pourra faire la partie parvis-innovation avec Novaxia et Biolaps et ainsi, financer une bonne partie de la rénovaiton hospitalière".
Impossible pour l'instant car un vote du conseil de Paris est indispensable pour autoriser des activités commerciales au sein de l'Hôtel-Dieu. Anne Hidalgo y est favorable mais ses alliés écologistes et communistes bloquent le projet. Pour Emile Meunier, conseiller EELV de Paris, "c'est aussi une forme de lutte contre une tendance qui consiste un peu à laisser se détériorer le service public et puis, quand on a besoin d'argent pour réhabiliter les choses, on fait appel au privé et on vend une partie du foncier, on vend une partie du terrain d'intérêt général pour offrir une rente au privé et ça, nous, les écologistes, on s''y oppose".
La rénovation de l'Hôtel-Dieu est aujourd'hui dans une impasse au point que certains imaginent des alternatives comme celle d'un musée dédié à Notre-Dame dans l'enceinte de l'hôpital.
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