Les images ont fait le tour des réseaux sociaux, trois journalistes ont été violentés samedi à Paris par des policiers, des agents de la désormais célèbre BRAV-M. Les faits se sont déroulés en marge de la manifestation interdite en hommage à Adama Traoré. Les journalistes annoncent déposer plainte et saisir l'IGPN, de son côté, la préfecture de police a ouvert une enquête administrative.
"J'ai rarement assisté à une interpellation aussi chaotique des forces de l'ordre donc il y a eu beaucoup de bousculades, il y a eu d'abord deux de mes confrères : Clément Lanot et Florian Poitout qui ont été molestés et juste après, c'est moi qui ai été frappé par un autre membre de la BRAV-M. Il m'a donné un violent coup de bouclier, il a foncé sur moi et je suis tombé et je me suis blessé au poignet donc aujourd'hui j'ai une entorse au poignet droit" raconte Pierre Tremblay, journaliste au Huffpost.
Trois semaines d'arrêt de travail pour Pierre Tremblay, l'un des trois journalistes ayant subi des violences alors qu'il tentait de filmer l'arrestation musclée de Youssouf Traoré. Reporter pour le Huffpost, il est habitué à la couverture des mouvements sociaux : "on est aussi des professionnels donc on est capables d'être près de l'action et de ne pas gêner l'action des forces de l'ordre donc c'est pour ça que moi je ne comprends pas cette agressivité envers les journalistes".
Une situation qui ne date pas d'hier
Des violences envers les caméras qui se sont multipliées après les protestations contre la loi travail et Nuit Debout. L'ONG Reporters Sans Frontières alerte sur le sujet depuis 2016 : "on a eu 15 cas de journalistes blessés quand on en a eu que 16 sur les années 2021 et 2022. On s'est adressé au ministère de l'Intérieur de façon qu’il y ait un rappel de la mise en place du SNMO (schéma national du maintien de l'ordre), c'est-à-dire que le schéma du maintien de l'ordre doit être appliqué, les forces de l'ordre doivent laisser les journalistes travailler." rappelle Pauline Ades, porte-parole de Reporters Sans Frontières.
Des appels sans réponse et un danger pour tous les citoyens d'après Emmanuel Vire, secrétaire général du syndicat des journalistes CGT : "Monsieur Darmanin peut envoyer des notes sur la nécessité de laisser travailler les journalistes etc. ça ne touche pas la base et ça ne passe pas et donc on voit bien que, plus globalement pour nous, c'est un réel problème de la relation entre les forces de l'ordre et l'ensemble de la population et les journalistes ne sont en fait que l'élément qui ressort parce qu'ils vont être les témoins des scènes, ils vont être les témoins de tout ce qu'il se passe."
Ces violences remettent la lumière sur la BRAV-M, une unité de police à moto déjà décriée lors du mouvement contre la réforme des retraites.
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