Après les épreuves olympiques très confidentielles de 1900, Paris accueille une nouvelle fois les Jeux en 1924. Une huitième Olympiade de l'ère moderne à la fois sportive, artistique... et populaire.
Dans la tribune de Colombes, têtes couronnées et chefs de gouvernements ont fait le déplacement. Le futur empereur d'Ethiopie Haïlé Sélassié, le prince de Galles, le shah de Perse, et même le Pape... Ce 5 juillet 1924, ils assistent au défilé des délégations.
Drapeaux, serment des athlètes, lâcher de pigeons... Vient le moment solennel de l'inauguration. Le président français Gaston Doumergue prononce la phrase suivante : "Je proclame l'ouverture des Jeux Olympiques de Paris, célébrant la huitième Olympiade de l'ère moderne."
Si le monde est au rendez-vous dans le stade de Colombes, c'est également le cas dans les rues de la capitale. Et même les Américains sont de la partie : en dix jours, 5600 touristes ont débarqué pour l'événement à Cherbourg et au Havre. Les Jeux de Paris marquent une étape dans l'histoire du mouvement olympique.
"En 1924, les Jeux Olympiques vont continuer leur longue ascension vers l'ère planétaire que l'on connaît aujourd'hui (...) C'est un vrai palier qui est franchi", explique Julien Faraut, chargé de collections cinématographiques à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep). Dans son documentaire "Paris Jeux t'aime", l'auteur revient jour après jour sur les Jeux de 1924 : des prémices, au cérémonial, en passant par les épreuves disputées par les athlètes de 45 pays.
Si la Russie et l'Allemagne figurent parmi les absents, certains Etats envoient un nombre important d'athlètes : "450" pour les Etats-Unis... sachant qu'il faut "plusieurs semaines pour traverser l'Atlantique en bateau". Parmi les nouvelles nations, l'Uruguay et la Pologne participeront pour la première fois aux Jeux en 1924.
L'un des athlètes de ces Jeux a d'ailleurs attiré l'attention du documentariste. Il s'agit du Français Pierre Lewden, 1 mètre 67, employé de bureau pour une agence de presse parisienne. "Le matin, il va travailler place de la Bourse. L'après-midi, il part pour le stade de Colombes... Pour participer à la finale de l'épreuve de saut en hauteur." L'athlète amateur parvient à décrocher une médaille de bronze, en passant la barre du mètre 96.
"Plus vite, plus haut, plus fort"... et plus beau
Mais ces Jeux ne sont pas qu'une histoire de performance sportive. "A partir de 1908 et jusqu'en 1948, à Londres, cinq épreuves artistiques sont incluses dans le programme officiel des Jeux Olympiques", poursuit Julien Faraut. "A cette époque, il y a des champions olympiques en littérature, en peinture, en sculpture, en architecture et en musique."
Pour décerner les récompenses, les jurys sont composés de personnalités prestigieuses du monde artistique : "Bourdelle et Maillol en sculpture" ; "Honegger et Stravinsky en musique" ; "Paul Valéry et Paul Claudel pour la litérature".
Les oeuvres s'exposent lors d'une semaine artistique, pendant que les athlètes s'affrontent au polo, au sabre, ou lors des épreuves d'athlétisme. Pour veiller sur ces Jeux, pas de flamme olympique. Celle-ci apparaîtra quatre ans plus tard, lors des Jeux d'Amsterdam (1928). Et c'est en 1936 que l'Allemagne nazie instaure un cérémonial, qui ne sera pas abandonné : celui du relais de la flamme, depuis Olympie.
Un village olympique pour les athlètes
Des Jeux mondiaux, loin de l'indifférence des origines. C'est sans doute ce qui caractérisent ces Jeux de 1924. Car en 1900, les épreuves olympiques étaient intégrées au programme de l'Exposition universelle.
24 ans plus tard, les Jeux changent de dimensions. Un premier village olympique voit le jour à Colombes, pour héberger les athlètes. Des moyens de communication sont mis en oeuvre pour relayer certaines épreuves.
"Des microphones et haut-parleurs dans le stade, la TSF, une première radio à diffusion locale..."
Julien Faraut, chargé de collections cinématographiques à l'Insep"Rue des Archives" - 23 juin 2023
Autre révolution, sportive cette fois-ci. En 1924, l'athlétisme ne se décline pas encore au féminin. Mais cette année-là s'avèra décisive pour l'escrime : le fleuret féminin fait son apparition.
📲 "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #32 consacré aux Jeux Olympiques de Paris 1924.