"Rue des Archives" nous plonge dans la mémoire de la télévision. A l'occasion des "20 kilomètres de Paris", l'émission remonte cette semaine aux origines de la course à pied dans la capitale.
Ce fut sans doute l'une des premières épreuves sportives à consacrer la course à pied dans la capitale. En ce mois de juillet 1896, la "course de marathon" vit s'élancer près de 200 coureurs, autour de Paris. Dans la foulée des Jeux olympiques d'Athènes, l'épreuve s'étend alors sur 40 kilomètres. La distance du marathon moderne (42,195 km) ne sera définitivement fixée qu'en 1924, lors des Jeux de Paris.
Avant de gagner massivement la France des villes, dans les années 70, la course à pied est avant tout une histoire de professionnels. Comme ce fut le cas lors des différents "Tours de Paris", organisée autour de la capitale française. Henri Siret, Henri Saint-Yves figurent alors parmi les grands noms de la course à pied tricolore. Tout comme celui de Raphaël Pujazon, autre champion français, cette fois sur piste et en cross-country, en cette première moitié du 20e siècle.
La course à pied, entre oubli et renaissance
"Lors des Jeux de 1900, le marathon est passé complètement inaperçu", du fait de l'Exposition universelle, la même année, confie Luc Vollard, président de la commission de la documentation et de l'histoire de la Fédération française d'athlétisme. La course à pied est alors bien loin de rencontrer le succès populaire d'aujourd'hui.
"Même quand Alain Mimoun a été champion olympique en 1956... La pratique était très faible."
"Il n'y avait que cinq participants aux championnats de France de marathon en 1965."
Luc Vollard, Fédération française d'athlétisme"Rue des Archives", 7 octobre 2022
Ce n'est donc qu'à petites foulées que la course conquiert le cœur des sportifs français. La vague du jogging intervient dans les années 70. Une mode sportive, mais aussi vestimentaire, venue tout droit de Nouvelle-Zélande puis des Etats-Unis. "Il y avait également le Japon qui était une terre de marathoniens", précise Luc Vollard. Le champion olympique de marathon, à Berlin, en 1936, l'emporta d'ailleurs sous les couleurs du Japon.
A Paris, la consécration intervient en 1976, lors de la première édition du Marathon, version moderne de celui de 1896, au terme de laquelle arriveront 126 participants. Aujourd'hui, ce sont des dizaines de milliers d'athlètes qui prennent le départ de cette course chaque année.
Un air de liberté, mais toujours chronométré
Outre le cadre sportif, la course est aussi une histoire de folklore. "Fidèle à ses traditions, la commune libre de Montmartre a organisé dans une atmosphère pittoresque le championnat des hommes-sandwichs", observe le commentateur d'un reportage de 1949. "Les grosses difficultés résident dans les contrôles où les participants sont tenus de manger et de boire ce que le règlement a prévu."
"Quand la course renaît dans les années 70, il y a bien cet esprit de compétition", précise Luc Vollard. Des variantes de courses naîtront par la suite : le 5 kilomètres, les 24 heures, la course en montagne, le trail... Avec une constante, la compétition.
"De tous temps, il avait paru naturel à deux hommes de partir ensemble d'un même point en courant vers un même but en vue de mesure la vitesse de leurs jambes", note ainsi "Les Jeunes", journal de la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France, le 8 juin1912.
La course à pied est aujourd'hui pratiquée par 300 000 licenciés. Ils étaient à peine 15 000 en 1930, conclut Luc Vollard.
? "Rue des Archives", c'est chaque vendredi, à 11h50, sur France 3 Paris Île-de-France. Retrouvez l'intégralité du numéro #5, consacré à la course à pied à Paris.