Son nom ne l'indique pas mais le papier d'Arménie est fabriqué en France et plus précisément à Montrouge dans les Hauts-de-Seine. Une aventure qui a commencé au début du XIXème siècle. la célèbre feuille parfumée se vend aujourd'hui dans le monde entier mais elle est de plus en plus critiquée.
Quand on lui parle de papier d'Arménie, Mireille Schvartz se replonge tout de suite dans ses souvenirs "ça m'évoque mon enfance, c'est la sérénité, la paix, c'était une habitude de voir ma grand-mère venir faire brûler du papier d'Arménie quand on était malade (...) mon père était médecin donc dans la salle d'attente on faisait brûler le papier d'Arménie" raconte l'actuelle gérante de la société Le Papier d'Arménie. La quatrième génération d'une entreprise familiale qui a du nez.
Ici, dans l'atelier de Montrouge, ça sent le bois brûlé, le cuir mouillé, ça sent l'église, le confessionnal et la vanille. En bref, ça sent le benjoin, une matière première venue du Laos : "ça vient d'un arbre qui s'appelle l'aliboufier (...) on fait un peu comme pour les pins, on fait une entaille et la résine sort et après les Laotiens le tamisent pour enlever toutes les saletés, tous les bouts de bois et ça nous fait un benjoin magnifique" nous explique Mireille Schvartz.
Dans une autre salle, des cuves chauffent, remplies de solvant pour pouvoir dissoudre ce qu'on appelle les larmes de benjoin. Ensuite, le papier, préalablement enduit d'une mixture secrète qui lui permet de brûler plus lentement, est plongé dans le bain de benjoin avant d'être mis à sécher.
Autrefois, on disait que le papier d'Arménie purifiait l'air. Aujourd'hui, plusieurs études dénoncent la nocivité de sa combustion. Pollution au formaldéhyde, au benzène et irritations à l'acroléine. Pour la gérante, "il est sûr qu'il ne faut pas faire brûler du papier toute la journée, qu'il faut toujours ouvrir les fenêtres, ça c'est très important. On le met toujours sur nos carnets".
En 2017, une explosion des ateliers a gravement blessé deux employés et profondément marqué les esprits d'autant que les bâtiments plus que centenaires se trouvent au cœur même de Montrouge. Depuis les normes de sécurité ont changé, des préoccupations que n'avait pas le fondateur et chimiste Auguste Ponsot. C'est lui qui découvre au cours d'un voyage que les Arméniens font brûler du benjoin dans leur maison. Mireille garde précieusement les premiers produits commercialisés, un carnet de 1914 ou encore, de l'eau d'Arménie, inventée par son grand-père.
Aujourd'hui 12 salariés font vivre ce patrimoine, ils produisent chaque année deux millions et demi de carnets parfumés.
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