Plainte de Gérald Darmanin : une "tentative d’intimidation" selon l'équipe d’Audrey Pulvar

Gérald Darmanin a annoncé le dépôt d’une plainte, suite à des propos d'Audrey Pulvar concernant la participation du ministre de l’Intérieur à la manifestation des policiers. Île-de-France en Commun dénonce "une atteinte à la liberté d’expression d’une extrême gravité".

L’annonce a été faite via un tweet, dimanche soir. "Les propos de Madame Pulvar dépassent le simple cadre d’une campagne électorale et viennent profondément diffamer la police de la République, a déclaré Gérald Darmanin. Je porte plainte au nom du ministère de l’Intérieur.

Une réaction à des propos tenus par Audrey Pulvar vis-à-vis du rassemblement organisé par les syndicats de policiers mercredi 19 mai devant l'Assemblée nationale. Cette manifestation, "soutenue par l'extrême droite, à laquelle participe un ministre de l'Intérieur, qui marche sur l'Assemblée nationale pour faire pression sur les députés en train d'examiner un texte de loi concernant la justice, c'est une image qui pour moi était assez glaçante", avait affirmé la tête de liste des socialistes aux élections régionales en Île-de-France, samedi sur franceinfo.

L'entourage de Gérald Darmanin a depuis précisé que la plainte visant Audrey Pulvar, pour "diffamation", concernait "une succession de propos". Outre l’interview sur franceinfo ce samedi, sont aussi évoqués des "propos tenus en juin 2020 et exhumés ce week-end".

Il est en fait question d’une vidéo de juin 2020, republiée samedi sur Twitter par Pierre Liscia, porte-parole de Libres! (le mouvement de Valérie Pécresse, présidente de la Région et candidate à sa réélection). Au cours d’une prise de parole lors d'une manifestation à Paris en hommage à George Floyd, Audrey Pulvar y dénonce "le racisme dans la police".

"Le racisme dans le police, c’était Charonne, en 1962, déclare l’ancienne journaliste. Le racisme dans la police c’était il y a 30 ans l’assassinat, parce que c'en était un, de Malik Oussekine (...) La violence et le racisme dans la police, c’était, il y a 15 ans, Zyed et Bouna, pour lesquels nous attendons encore les excuses de la police. Le racisme dans la police, c’est évidemment aujourd’hui Théo, c’est évidemment Adama." A noter toutefois que le délai est de trois mois en matière de diffamation.

L'équipe d'Audrey Pulvar porte plainte à son tour

Du côté d’Audrey Pulvar, Île-de-France en Commun a réagi à l’annonce de Gérald Darmanin en dénonçant une "tentative d’intimidation d’une candidate d’opposition (…) à quatre semaines d’un scrutin majeur", "sans précédent sous la Ve République". Dans le communiqué, publié dimanche soir, la liste pointe du doigt "une atteinte à la liberté d’expression d’une extrême gravité" ainsi qu’"une manœuvre politicienne".

"Nous récusons une quelconque diffamation de celle-ci à l’égard de la police nationale", explique Île-de-France en Commun, annonçant à son tour le dépôt d’une plainte pour "diffamation" ainsi qu'une action pour "dénonciation calomnieuse" contre le ministre de l’Intérieur. "Le ministre si prompt à annoncer des poursuites pénales contre candidates à des élections, a été incapable d’expliquer les propos ou les fondements de son action", juge le communiqué.

Le ministre de l’Intérieur franchit toutes les lignes rouges

Me Patrick Klugman, l’un des avocats d’Île-de-France en Commun

Au cours d’une conférence de presse tenue ce lundi, Me Patrick Klugman, l’un des avocats d’Île-de-France en Commun, a dénoncé "une annonce particulièrement scandaleuse et particulièrement choquante", "une grossière tentative d'intimidation", et "une accusation injuste et infondée". L’avocat a ainsi souligné que le ministre de l’Intérieur était "chargé, entre autres, de l’organisation des élections", et devait "garantir le pluralisme démocratique" et donc la liberté d'expression des différents candidats.

Me Patrick Klugman évoque "une rupture d’égalité" et une "tentative d’intimidation", "de par l’imprécision et la violence de l’attaque". "C’est pourquoi nous avons décidé de placer Audrey Pulvar sous la protection de l’autorité judiciaire, explique l’avocat à France 3 Paris IDF. Le ministre de l’Intérieur franchit toutes les lignes rouges, s’affranchit de toutes les limites de son office, et s’autorise à assigner au silence une candidate parce que son expression le dérange."

Gérald Darmanin est lui-même candidat aux élections régionales, dans les Hauts-de-France, ainsi qu’aux départementales, dans le Nord.

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