La policière municipale Aurélie Fouquet avait perdu la vie le 20 mai 2010 après un braquage avorté suivi d'une fuite sur l'autoroute. La cour d'assises de Paris rejuge à partir de ce mardi et jusqu'au 13 avril huit hommes, dont "le caïd médiatique" Redoine Faïd.
Le meurtre de cette fonctionnaire de 26 ans et l'extrême violence des malfaiteurs, qui ont aussi blessé par balles un autre policier et des automobilistes dans leur course folle, avaient eu un grand retentissement. En avril 2016, à l'issue d'un procès fleuve, la cour d'assises avait condamné huit accusés à des peines allant de 1 à 30 ans de prison, dont 18 ans pour Redoine Faïd, considéré comme "l'organisateur" et "le recruteur" de cette "opération de guerre". Ils risquaient la perpétuité. Un neuvième homme été acquitté, conformément aux réquisitions de l'avocate générale.
Appel du ministère public
Mais les sept semaines du procès n'avaient pas permis de faire toute la lumière sur les faits, faute d'éléments matériels. La mère d'Aurélie Fouquet avait dénoncé "la chape de plomb" pesant sur des accusés qui, à deux exceptions près, ont nié toute participation. Redoine Faïd, multirécidiviste des braquages, a été présenté comme "le dénominateur commun" des accusés, un groupe d'hommes aux casiers souvent surchargés. Mais l'accusé s'est dit à l'audience innocent "de A à Z". Le ministère public, qui avait réclamé des peines allant jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle, avait fait appel, comme six des accusés.Depuis ce procès, M. Faïd, 45 ans, a été deux fois condamné aux assises en 2017 : 10 ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Séquedin en 2013 et 18 ans de prison pour l'attaque d'un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011. Il a fait appel des deux condamnations.
Les policiers pris pour cible
Le projet d'attaque d'un fourgon blindé avait capoté le 20 mai au matin lorsque des policiers ont voulu contrôler une camionnette portant deux impacts suspects. Pris en chasse, le véhicule fonce alors sur l'autoroute A4 et ses occupants tirent sur les policiers qui les poursuivent et parviennent à les semer. Arrivés à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), les malfaiteurs, cagoulés, gantés, vêtus de treillis sombres et équipés de gilets pare-balles, abandonnent leur véhicule qu'ils incendient et en braque un autre. Deux policiers municipaux arrivent alors sur place et essuient une vingtaine detirs : Thierry Moreau est blessé au thorax, Aurélie Fouquet à la tête. Cette mère d'un tout jeune enfant décèdera quelques heures plus tard. Les malfaiteurs braquent un troisième véhicule et s'enfuient.