La colère gronde chez les policiers après les annonces du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur les violences policières. A Bobigny ou encore à Cergy-Pontoise, ils ont symboliquement jeté leurs menottes par terre en signe de protestation.
"Les flics de France ne considèrent plus Christophe Castaner comme le supposé premier flic de France. Il nous a lâchés lundi, nous a jetés en pâture lundi. A lui de regravir l'Everest de la confiance", a tonné Yves Lefebvre, secrétaire général de Unité SGP Police, qui a appelé ses collègues "à ne plus interpeller, à ne plus intervenir". Même son de cloche pour Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance : "Un ministre de l'Intérieur doit être derrière ses policiers".
Des rassemblements ont eu lieu en fin d'après-midi dans plusieurs villes en France. Les policiers ont symboliquement déposé à terre leurs menottes ne s'estimant pas soutenus par leur ministre de tutelle.
?? Violences policières : devant la préfecture de #Bobigny, des policiers jettent leurs menottes au sol. Ils estiment « ne plus avoir les moyens d’interpeller correctement » depuis les annonces de C.#Castaner. (@ClementLanot) #police #racisme pic.twitter.com/B6FhtRnbgL
— Conflits (@Conflits_FR) June 11, 2020
"Ne doutez pas", une lettre du préfet de police de Paris
Racisme supposé des policiers, brutalités et violences lors des interpellations, interdiction de recourir à la "clé d'étranglement" comme technique d'interpellation,"tolérance zéro" pour les faits de racisme... Les raisons de la grogne policière sont nombreuses suite aux annonces de Christophe Castaner. Des annonces que la profession ne digère pas dans un contexte tendu par la mort de George Floyd aux Etats-Unis, les différentes accusations de violences lors d'interpellations comme celle de Gabriel à Bondy et le rassemblemment le 2 juin dernier contre les violences policières à l'appel du comité Adama Traoré, jeune homme noir décédé en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes.
Pourtant Christophe Castaner a tenté jeudi de désamorcer leur colère en recevant les différents syndicats. Le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, et le préfet de police de Paris, Didier Lallement, leur ont également écrit pour les assurer de leur soutien et de leur confiance. "Dans cette période si particulière où les mises en cause de notre action sont permanentes et de plus en plus agressives, je veux vous dire qu'il ne faut pas douter", a écrit mercredi le préfet de police dans une lettre intitulée "Ne doutez pas" !
Plusieurs syndicats appellent à d'autres manifestations demain, vendredi 12 juin à Paris.