Pollens : pourquoi la pollution de l’air aggrave les allergies ?

Avec le printemps, les allergies de saison sont de retour. Le Dr Patrick Rufin, allergologue parisien, explique comment la pollution peut intensifier les symptômes.

Les traditionnels pics de pollens approchent. D’après le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), la saison des allergies aux pollens de bouleau débute cette semaine. L’association annonce en effet des concentrations importantes dès ce jeudi "sur une grande moitié nord du pays".

Les pollens des bouleaux, qu’on trouve autour des forêts, des espaces verts, des ronds-points, ou encore à l’entrée des résidences, "ont un potentiel allergisant très élevé", alerte le RNSA. Avec, pour les allergiques, "de nombreux symptômes oculaires, nasaux, et même respiratoires".

L’association rappelle aussi que "les épisodes de pollution atmosphérique pourront exacerber les symptômes des allergiques". Alors que Paris et sa région font régulièrement face à des épisodes de pollution de l’air, comment expliquer ce lien avec les allergies ?

"On est allergique aux pollens, mais on n’est pas allergique à la pollution. Par contre, la pollution est un facteur aggravant pour plusieurs raisons", répond le Dr Patrick Rufin. "Premièrement, les plantes qui vivent en air pollué pollinisent plus, poursuit l’allergologue. Deuxièmement, les graines de pollen qui se trouvent dans l'air sont attaquées par les polluants chimiques."

"Un grain de pollen, c’est un peu comme un grain de poivre, il y a une coque autour, qu’on appelle l’exine, qui est fissurée par les produits chimiques qui se trouvent dans l'air. Le grain libère donc une quantité plus importante de substances allergisantes", détaille le médecin. "Troisièmement, les muqueuses de personnes qui vivent en air pollué, et qui ont un certain degré d'inflammation pour une certaine quantité de pollen, vont réagir davantage", ajoute-t-il.

"Le réchauffement climatique fait que la saison pollinique est plus précoce et plus longue"

Le Dr Patrick Rufin évoque aussi le rôle du réchauffement climatique : "D’une part, le réchauffement fait que la saison pollinique est plus précoce et plus longue. D’autre part, le réchauffement fait qu'il y a plus de vent qu’autre fois. Le pollen étant transporté par le vent, on en inhale plus."

Au-delà des pics de pollution, comment l'environnement où l’on vit joue-t-il sur les allergies ? "Si on est allergique aux pollens et qu’on va en pleine campagne, on a bien sûr plus de symptômes quand on se retrouve au milieu d’un champ. Par contre, beaucoup de patients se sont sensibilisés en ville, à Paris, à cause des problèmes de pollution. La pollution agit comme un cofacteur. Avant de devenir allergique, le patient se sensibilise en fait pendant plusieurs années, jusqu’à ce que son taux d'anticorps atteigne un certain niveau, qui déclenche des symptômes", répond l’allergologue.

Qu’on habite en ville ou dans un milieu rural, le médecin donne plusieurs conseils. "On peut d’abord se renseigner sur les quantités de pollens en regardant les conditions météorologiques avant une promenade, explique-t-il. S’il y a beaucoup de vent, il faut être plus prudent."

Il faut éviter de faire du sport intense à la fois lors des pics de pollution et des pics de pollens

Le Dr Patrick Rufin, allergologue à Paris

"Lorsqu’on se promène ou qu’on jardine par exemple, on peut porter un chapeau. On peut porter des lunettes quand on fait du vélo. Et les pollens sont une bonne raison de plus, pour porter un masque, en plus de la Covid. Quand on rentre chez soi, il est aussi important de se rincer les cheveux, ce sont des pièges à pollen. Il faut également éviter de faire du sport intense à la fois lors des pics de pollution et des pics de pollens. Quand on hyperventile, on inhale plus de pollens", poursuit le médecin.

"Il est préférable de faire des activités en plein air tôt le matin, car il y a moins de pollens et surtout la rosée fait que les pollens volent moins qu’en journée, ajoute le Dr Patrick Rufin. On évite d’ouvrir les fenêtres si l’on travaille ou si l’on dort à côté. Si l’on a une voiture, on peut faire vérifier le degré de propreté du filtre à pollen. Si l’on bricole, il faut éviter de s’exposer à certains produits chimiques. Enfin, il faut éviter de faire sécher son linge dehors lors des pics polliniques, là encore c’est un piège à pollen."

Pour des informations fiables, l'allergologue conseille aux personnes allergiques de consulter le site de l’association Asthme & Allergies, ou de contacter le RNSA. Une carte du risque d'allergie aux pollens y est régulièrement mise à jour, département par département. De son côté, le RNSA invite les allergiques à "suivre les traitements prescrits par leurs médecins et allergologues ou les consulter en cas de symptômes".

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