Après avoir apporté jeudi une réponse sécuritaire aux émeutes de l'été, Elisabeth Borne doit présider vendredi à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines un comité interministériel des Villes dont sont attendues des mesures plus sociales et structurelles aux difficultés des quartiers populaires.
Logement, emploi, éducation, écologie, sport... cette réunion doit permettre d'aborder les nombreux aspects de la politique de la ville, pensée pour résorber les inégalités entre les quartiers prioritaires (QPV) et le reste du territoire.
La Première ministre rencontrera des élus à Chanteloup-les-Vignes, commune populaire des Yvelines dont la moitié des habitants vivent en quartier prioritaire, mais épargnée par les violences urbaines déclenchées au début de l'été par la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.
Mais la ville avait connu des émeutes en 2019, qui avaient abouti à la destruction d'un chapiteau. Le CIV, le comité interministériel des Villes, doit se tenir dans la salle de spectacle construite à sa place. Maires et élus de communes populaires, en première ligne face aux émeutes lors desquelles des bâtiments publics ont été pris pour cible, ont dit l'ampleur de leurs attentes vis-à-vis de ce CIV, déjà plusieurs fois reporté.
"On attend aussi des engagements concrets"
Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, l'association de maires Ville & Banlieue a dit sa colère. "Nous n'en pouvons plus des atermoiements et des reports", ont affirmé les édiles.
"Le CIV devra être un CIV historique, et il ne peut pas en être autrement, car sinon, il sera forcément déceptif", a ainsi prédit Damien Allouch, maire (PS) d'Epinay-sous-Sénart dans l'Essonne. "Déjà, si on obtient un regard attentif et sur le long terme du gouvernement, on aura presque gagné un tour !", a espéré la maire divers droite de Chanteloup, Catherine Arenou.
"On attend aussi des engagements concrets", a aussi prévenu le président de Ville & Banlieue, Gilles Leproust. "Le premier des enjeux, (...) c'est comment chaque ministère s'engage fortement dans nos territoires, parce que la politique de la ville est là pour diminuer les injustices."
La cheffe du gouvernement doit en outre avancer dans l'élaboration des contrats de ville, cadres de la politique de la ville négociés entre Etat et collectivités. Les actuels prennent fin au 31 décembre, et les prochains, courant jusqu'en 2030, doivent être validés au plus tard le 31 mars prochain.