Dans une lettre ouverte, plus de 300 maires de la région parisienne – dont Anne Hidalgo – appellent à repousser la réouverture des écoles, prévue lundi 11 mai. "C’est intenable pour beaucoup de communes", explique Stéphane Beaudet, à l’initiative du texte.

Ils pointent du doigt une réouverture des écoles "à marche forcée". Dans une lettre ouverte signée par plus de 300 édiles, dont la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), l'Association des maires d'Île-de-France (Amif) demande "solennellement" au président de la République Emmanuel Macron de repousser la date, jusqu’ici fixée au 11 mai. Le texte, diffusé dimanche par La Tribune, dénonce un calendrier "dans la plupart de nos communes, intenable et irréaliste". "La préparation du déconfinement se fait dans un calendrier à marche forcée, alors que nous n'avons pas encore toutes les informations pour préparer la population, et que les directives sont mouvantes"."Le déconfinement doit commencer la semaine prochaine, il nous reste quatre jours ouvrés et on ne saura que jeudi 7 mai, à la veille d'un week-end de trois jours, si nos départements sont officiellement classés en zone rouge ou verte, alerte Stéphane Beaudet (DVD, ex-LR), maire d'Evry-Courcouronnes (Essonne) et président de l'Amif (Association des maires d'Île-de-France). Beaucoup de communes ne savent pas encore le nombre d’enseignants et de personnels communaux qui seront disponibles. On ne sait pas aussi combien d’élèves on va devoir accueillir, alors que les gens ont peur et ne vont pas spontanément renvoyer leurs enfants à l’école."

Une situation "intenable pour beaucoup de communes", selon Stéphane Beaudet

L’édile, à l'initiative de la tribune, souligne aussi la difficulté de mettre en œuvre un "protocole sanitaire de 65 pages, qui nous a tout juste été transmis" ce lundi 4 mai. "En termes de moyens matériels et humains, c’est intenable pour beaucoup de communes, explique-t-il. On n’a pas le temps de s’organiser." A Evry-Courcouronnes, Stéphane Beaudet avance qu’il doit gérer la situation de 55 écoles, pour un total de 400 classes. Dans le texte publié dimanche, les élus franciliens appellent l’exécutif à "prioriser clairement les enfants qui pourront/devront reprendre le chemin de l'école en Île-de-France en tenant compte du contexte familial de chaque enfant", et de "ne pas faire reposer sur les maires la responsabilité juridique, politique et morale de la réouverture des écoles, mais de les associer dans une concertation avec le Préfet de département". "On n’a pas de compétence sur l’instruction, défend Stéphane Beaudet. Et ce n’est pas notre responsabilité de choisir, en fonction du nombre de personnels dont on disposera, quels élèves pourront rentrer en priorité, et de dire oui ou non aux familles. Qui va-t-on accepter en priorité ? Est-ce qu’on va répondre aux besoins de l’école et se tourner vers les jeunes en décrochage scolaire ? Est-ce qu’on va se tourner vers les enfants dont les parents travaillent, pour les garder ?"

On a un devoir d’alerte

Si l'Amif appelle à un report du retour en classe à une date ultérieure "dans les départements classés rouges et en particulier de l'Île-de-France" et à des "moyens financiers suffisants" pour "assurer l'accueil périscolaire dans le strict respect du protocole sanitaire", le président de l’association se dit "légaliste" et explique ne pas vouloir "faire dans la démagogie ou le populisme". "On n’est pas contre l’Etat, assure l'élu. On vit une crise inédite, et il faut qu’on essaye tous collectivement de trouver des solutions pour faire au mieux. Mais on a un devoir d’alerte. L’Île-de-France est la région la plus dense du pays, ce qui favorise la propagation du virus, mais c’est aussi la première région en termes de PIB, et il faudra relancer l’économie dans les meilleures conditions."

A Neuilly-Plaisance, la municipalité défend le maintien de la date

D’autres maires franciliens défendent, au contraire, une réouverture le 11 mai. Désinfection des espaces, distanciation sociale… Du côté de Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis), Christian Demuynck (LR) se dit "prêt à accueillir les enfants des parents qui le souhaitent" et affirme vouloir "assurer la totalité de ses fonctions". "Nous avons reçu des instructions relativement précises, d’autres doivent arriver, avance l’élu. Il faut qu’on prenne nos responsabilités. Notre rôle, c’est de faire en sorte que les écoles puissent accueillir les élèves. Après l’organisation, en termes d’éducation nationale, la façon dont les enseignants vont venir et assurer leurs cours… C’est un autre débat."

Ce n’est pas parce que l’Etat a failli à mon sens que les maires ne doivent pas assumer leurs responsabilités

S’il estime que l’action du gouvernement face à l’épidémie "a plutôt pataugé depuis les début", jugeant que "des choses" ont été "cachées", Christian Demuynck considère que "tout ça se verra après cette période difficile, après cette tempête" : "Aujourd’hui, on fait face à un virus qu’on ne connaît pas trop, dans des conditions difficiles. On ne peut pas rester dans une France quasi-totalement confinée. Il faut que les choses reprennent, que l’économie redémarre… Ce n’est pas parce que l’Etat a failli à mon sens que les maires ne doivent pas assumer leurs responsabilités."

De leur côté, les maires signataires de la lettre ouverte de l’Amif affirment rester "mobilisés pour éviter le pire, en première ligne sur tous les fronts de cette crise". Ils expliquent aussi "compter" sur le "soutien" du président de la République.
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