Il y a 80 ans, le 14 mai 1941, les autorités françaises procédaient à la rafle dite "du billet vert" à Paris et dans sa proche banlieue. Une cérémonie a lieu ce vendredi en présence de la maire de Paris Anne Hidalgo. De nouvelles plaques en hommage aux déportés ont été dévoilées dans la capitale.

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C'était il y a 80 ans. Au printemps 1941, Paris est occupée par l’armée allemande depuis presque un an et des lois antisémites y ont été promulguées depuis plusieurs mois. Le 14 mai, 6700 hommes juifs étrangers – majoritairement polonais – reçoivent une convocation sous la forme d'un billet vert pour un "examen de situation". Pensant qu'il ne s'agit que d'une simple formalité administrative, plus de la moitié d'entre eux se rendent dans les centres indiqués, accompagnés d’un parent ou d'un ami.

Parmi les différents centres où ils sont rassemblés : la caserne des Minimes (IIIe arrondissement), la caserne Napoléon à Paris-Centre (IVe arrondissement), ou encore le gymnase Japy (XIe arrondissement). Une fois arrivés sur place, ces hommes sont arrêtés et, dans la foulée, transférés à la gare d'Austerlitz, puis déportés le jour-même vers les camps jumeaux du Loiret – Pithiviers et Beaune-la-Rolande – à une centaine de kilomètres au sud de Paris. Ils y restent de longs mois. Parmi les 3700 Juifs déportés, 3000 seront conduits au camp d'Auschwitz-Birkenau, dans la Pologne occupée, en 1942.

Première arrestation de masse

Cet événement est connu aujourd’hui sous le nom de rafle du "billet vert", du nom de la couleur de la convocation adressée aux Juifs arrêtés et déportés ce jour. Elle marque le début des arrestations massives en zone occupée et précède de quelques mois les rafles de l'été 1942, dont celle du "Vel' d'Hiv'". 

"L'immense majorité des hommes arrêtés pendant la rafle du 'billet vert' ont été transférés à Auschwitz en 1942 pour laisser la place aux femmes et aux enfants raflés du Vel d'Hiv'", explique l'historienne Annette Wieviorka, spécialiste de la Shoah et directrice de recherche au CNRS. "La rafle du 'billet vert' est la première vague d'arrestations faite à partir du fichier provenant du recensement ordonné par les Allemands, mais traité par l'administration française. En ce qui concerne la Seine, les arrestations sont traitées par la Préfecture de Police", ajoute l'historienne.

Parmi les hommes convoqués ce 14 mai 1941 figurait son oncle. Elle nous confie qu'après s'être présenté au commissariat de l'Opéra, son oncle a été arrêté et interné au camp de Pithiviers. Construit au début de la Seconde Guerre Mondiale, le camp accueillait des familles réfugiées de Paris, puis des prisonniers de guerre, mais en avril 1941 le lieu devient un camp d'internement, à peine quelques semaines avant la rafle du "billet vert".

"Les familles pouvaient venir visiter leur(s) proche(s). J'ai chez moi des photos de ma famille visitant mon oncle à Pithiviers, raconte Mme Wieviorka. Au camp, il a accepté d'aller travailler chez un cultivateur qui faisait de la pomme de terre (...) il s'est évadé une nuit avec ses compagnons et camarades qui étaient dans la même ferme. Rentré à Paris, il a ensuite pérégriné, d'abord à Grenoble, ensuite à Nice où il s'est fait arrêter et déporter à Auschwitz en octobre 1943. Lui est revenu".

Des commémorations à Paris

Quatre-vingts ans plus tard, en 2021, la Ville de Paris commémore ce tragique événement, inscrit dans la mémoire de l'histoire parisienne. Pour la session d’avril 2021, le Conseil de Paris a voté pour l’apposition de nouvelles plaques dans différents endroits de la capitale, en l’occurrence les points de rassemblement des arrestations du 14 mai 1941. Ces plaques ont été dévoilées le mardi 11 et le mercredi 12 mai. Une gerbe a également été déposé devant la plaque de la Caserne des Tourelles (XXe arrondissement).

Ce vendredi 14 mai, une journée mémorielle est organisée par la Ville de Paris, en présence de la maire (PS) Anne Hidalgo. Elle débutera par la présentation d'une exposition conçue par le Mémorial de la Shoah au gymnase Japy et présentant 98 photos totalement inconnues de la rafle. Ces clichés ont été pris par les services de propagande allemands de l'époque, attestant de scènes "que nous ne connaissions jusqu’à présent qu’à travers les témoignages des survivants ou des familles : des hommes au gymnase Japy à l’adieu aux familles, de l’embarquement dans les autobus pour la gare d’Austerlitz, jusqu’à l’arrivée au camp de Pithiviers", atteste le Mémorial de la Shoah sur son site.

Ce vendredi, un dépôt de gerbes en gare d'Austerlitz sera également effectué. Après cette cérémonie, la maire de Paris se déplacera, à l'invitation du Mémorial de la Shoah, sur les traces des lieux de mémoire des camps du Loiret.

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