Un conteur d'origine malienne de 70 ans, Hamadoun Tandina, a été condamné mercredi à 10 ans de prison pour de multiples viols d'une collégienne, dont il a eu un enfant lorsqu'elle avait entre 10 et 13 ans.
Les juges de la Cour d'assises de Seine-et-Marne ont été au-delà des réquisitions du parquet, qui avait demandé une condamnation à 7 ans de prison. "Il n'y a aucun doute sur le rapport sexuel puisqu'il y a un bébé", dont les tests ADN ont prouvé qu'Hamadoun Tandina, âgé de 68 ans au moment des faits, était bien le père, avait déclaré l'avocat général François Camard. L'accusé encourait 20 ans d'emprisonnement.
La jeune victime, aujourd'hui en classe de troisième, se rendait régulièrement chez M. Tandina, l'un de ses voisins, conteur dans plusieurs centres culturels et qui s'est notamment produit au musée parisien du quai Branly. Il l'a violée chez lui à de nombreuses reprises, entre ses 10 et ses 13 ans. C'était finalement sa mère qui avait découvert la grossesse, quasiment à terme, un matin où sa fille était dans la salle de bains, s'apprêtant pour partir pour le collège.
Faisant preuve d'un grand aplomb, la jeune fille, aujourd'hui en troisième, avait impressionné la cour d'assises en décrivant les viols, soutenant pendant tout le procès le regard de son agresseur, qui niait jusqu'à l'absurde. "J'ai vraiment de la haine pour lui, il me dégoûte", avait déclaré la jeune fille, baskets aux pieds et coiffée de longues tresses, arrivée en France à 10 ans en venant de la République démocratique du Congo. Décrivant une victime sous "l'emprise" psychologique d'un homme qui se présentait dans son quartier de Combs-la-Ville comme "un sage", "un homme de bien", l'avocat général a souligné qu'elle était convaincue qu'il la tuerait si elle le dénonçait. De son côté, l'avocate de M. Tandina, Me Clarisse Scialom, reconnaissant que ce n'était "pas une mince affaire" de défendre cet homme, a souligné le caractère "bancal" du dossier et plaidé l'acquittement.
Elle a notamment mis en doute l'âge de la victime, née pendant la guerre en RDC, et a assuré qu'il y avait un "doute" sur le fait que les relations sexuelles n'étaient pas consenties.M. Tandina avait jusqu'à présent un casier judiciaire vierge et l'enquête n'a pas permis de découvrir d'autres victimes.