Tandis que le mouvement de protestation agricole se poursuit aux abords de Paris, Gabriel a présenté devant l'Assemblée les priorités de son gouvernement. Depuis le point de blocage installé à Réau, au nord de Melun, de nombreux agriculteurs n’ont pas caché leur indifférence.
Aides de la PAC "versées sur les comptes bancaires des exploitants" d'ici au 15 mars, "fonds d’urgence" pour soutenir les viticulteurs, "plan de contrôle sur la traçabilité des produits"... Alors que Gabriel Attal a notamment dit regretter un "empilement de normes" lors de sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale ce mardi, défendant "une exception agricole française", beaucoup d’agriculteurs n’attendaient pas grand-chose du discours à Réau, en Seine-et-Marne.
Si la prise de parole du Premier ministre a bien été diffusée en public via un vidéoprojecteur sur ce point de blocage, mis en place lundi sur l’A5 par des céréaliers seine-et-marnais, de nombreux manifestants ont montré leur désintérêt et n'ont même pas regardé.
"On a des actions en cours, il y a tous les départements limitrophes qui sont venus en renfort, explique Yves Coppé, président des Jeunes Agriculteurs (JA) de Seine-et-Marne. On a la radio dans le tracteur, on peut écouter, pour autant notre action est prioritaire. On veut vraiment montrer les muscles, on veut que ça change. On sait que les annonces ne sont pas majeures aujourd’hui. Pour nous, le plus gros des annonces sortira à Bruxelles mercredi."
Sur place, on comptait une centaine de tracteurs ce mardi et environ 150 agriculteurs présents, contre 80 mercredi. "L’agriculture ne peut pas être complètement la priorité du Premier ministre aujourd’hui", estime également Frédéric Gubelin, un agriculteur basé à proximité de Troyes, qui n’a pas non plus écouté le discours, n'attendant pas d’"annonces spécifiques".
Certains agriculteurs déçus
Depuis Réau, les manifestants avaient décidé d’organiser une opération escargot avant même le discours, avec un convoi de tracteurs parti vers 16h pour bloquer la Francilienne au niveau de Brie-Comte-Robert. "Il faut bien qu’on occupe nos troupes, ils sont là depuis ce matin. On sent que les gens sont un peu frustrés", raconte Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de Haute-Saône. Une action qui doit se terminer vers 20h ce soir.
Du côté du blocage de l'A1 près de Chennevières-les-Louvres, dans le Val-d'Oise, Jean Lefebvre, céréalier dans l'Oise et membre de la FNSEA, "s'attendait à beaucoup mieux", selon franceinfo. "Je comprends que le gouvernement veut nous faire rester sur les autoroutes. Y'a pas de problème, on est organisés pour rester des semaines et des semaines. On parlait en jours, maintenant, on va parler en semaines", réagit-il.
Quant au campement de fortune du barrage de l’A13 au niveau de la gare-péage de Buchelay, dans les Yvelines, personne n'a réellement l'impression d'avoir été entendu, selon l’AFP. Une petite dizaine d'agriculteurs ont écouté le discours jusqu'au bout.
"Aucun choc, aucune annonce marquante", critique Christophe, qui cultive du lin en Normandie. "Simplifier les normes, c'est bien, mais lesquelles ?", questionne Gilles, producteur de lin et céréales dans le sud de l'Eure. Ce dernier espère que la mobilisation va "tenir longtemps".
Avec Farid Benbekaï et Philippe Aliès.