Décès à la prison de Meaux : les avocats du détenu mettent en doute la version du parquet

Un jeune homme est décédé à la prison de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne) mardi 2 février. Selon un témoignage, il aurait été "roué de coups" par des surveillants. Le Garde des Sceaux diligente une inspection.

Un homme âgé de 28 ans est décédé dans des circonstances particulièrement floues à la prison de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne) lundi 25 janvier. Selon le témoignage anonyme d'un surveillant de la maison d'arrêt, ce détenu "vulnérable, a été roué de coups" notamment "à la tête" par "des agents alors qu'il était menotté et maîtrisé au sol".

Les agents pour la plupart "stagiaires ou inexpérimentés sont intervenus sous la supervision de plusieurs supérieurs hiérarchiques dont le chef de détention", a-t-il poursuivi.

Y a-t-il eu bavure de la part de surveillants ? Dans une vidéo relayée par les collectifs La vérité pour Adama et Urgence notre police assassine mardi 2 février, la sœur de cet homme témoigne de sa détresse : "On ne sait toujours pas les causes et les raisons de son décès. Je vous demande juste de rassembler le maximum de témoignages possible pour pouvoir faire une reconstitution des faits."

"Il était devenu subitement calme"

Jimony Rousseau originaire de Lagny-Sur-Marne, était incarcéré depuis janvier dernier "pour des faits de violences habituelles par conjoint (violences conjugales, ndlr) ayant entrainé une incapacité de travail de plus de 8 jours et rébellion", indique un communiqué du parquet de Meaux. "Il était en attente de son jugement et présumé innocent. Il le demeurera car il n'a pas été jugé ni condamné pour ces faits", précise Me Ibrahim Shalabi, l'un des deux avocats de la famille Rousseau.

Selon le parquet de Meaux, le SAMU 77 est intervenu ce lundi 25 janvier en fin d'après-midi pour lui porter secours. Il a été trouvé "en arrêt cardio-vasculaire". Transporté à l'hôpital de Jossigny (Seine-et-Marne), il est décédé mardi 2 février.

Dans le même document, le parquet précise qu'il "aurait refusé de réintégrer sa cellule depuis la cour de promenade, et adopté un comportement tour à tour très agité et agressif ; puis il se serait opposé violemment à son menottage, notamment en mordant au sang l’un des surveillants pénitentiaires, lesquels usaient de la contrainte pour le faire lâcher prise et le maîtriser. Vu son comportement, ils le transportaient jusqu’au quartier disciplinaire où il était alors procédé à sa fouille."

Et de poursuivre : "A l’issue de ces opérations, les surveillants constatant qu’il était devenu subitement calme, contactaient l’unité médicale, puis le SAMU77 qui le transférait à l’hôpital."

?? Voici la photo de Jimony ROUSSEAU, il etait incarcéré à la prison de Meaux, à Chauconin-Neufmontiers. Ce lundi 25...

Publiée par Collectif urgence notre police assassine sur Mercredi 27 janvier 2021

Version "très orientée"

Une autopsie a par ailleurs été réalisée par l'Institut Médico-Légal de Paris. Les deux médecins concluent "à l’existence d’un œdème cérébral dû à un arrêt cardiaque prolongé. Si des ecchymoses et contusions étaient retrouvées sur le corps en zone d’appui et d’entrave, ou au niveau du cuir chevelu, elles n’avaient pas eu d’incidence sur le processus mortel."

"Cette version du parquet n'est pas satisfaisante car elle est très orientée, ce qui n'est pas surprenant. Dans un second temps, cette version ne nous apporte aucun élément sur ce laps de temps. M. Jimony Rousseau est appréhendé par les services pénitentiaires, est placé en cellule disciplinaire et en arrive à être hospitalisé d'urgence dans le coma. Finalement, on remarque qu'il y a une ellipse temporelle entre le moment où il est placé en cellule disciplinaire et celui où il se retrouve à l'hôpital", rétorque Me Victorien de Faria, autre avocat de la famille Rousseau.

"Informé de la situation, le garde des Sceaux a immédiatement demandé à faire toute la lumière sur cette affaire en diligentant une inspection", a indiqué de son côté le ministère de la Justice ce jeudi.

Ce décès fait également l'objet d'une enquête "en recherche des causes de la mort", confiée par le parquet de Meaux à la police judiciaire de Versailles. Un juge d'instruction va être saisi vendredi pour "faire toute la lumière sur les causes et les circonstances du décès de M. Rousseau", annonce le parquet. Cela permettra aux parties civiles d'avoir accès au dossier. Des examens complémentaires sur le corps de la victime vont également être menés.

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