Préoccupation environnementale et inquiétude pour les riverains. Marie-Charlotte Nouhaud, maire LR d'Avon, dénonce la construction sur sa commune du bâtiment de 168 logements dont le début des travaux est prévu en février prochain.
"J'ai perdu cinq kilos." Depuis mardi dernier, Marie-Charlotte Nouhaud, maire LR d'Avon en Seine-et-Marne ne s'alimente plus. En grève de la faim, elle s'oppose au projet de construction d'une résidence sociale universitaire sur le territoire de sa commune. Le complexe de 168 chambres devrait être situé à la limite géographique entre Fontainebleau et Avon. Les travaux doivent débuter en février prochain. "Je ne trouvais plus d'autre solution pour me faire entendre alors j'ai pensé à celle-ci. C'est une solution non-violente", justifie l'élue au sujet de sa grève de la faim.
La résidence, un immeuble de 4 étages et un rez-de-chaussée, "sera principalement sur notre territoire", se lamente l'édile. Porté depuis mars 2021 par la Societé d'Economie Mixte du Pays de Fontainebleau, ce projet n'a pas fait l'objet d'assez de concertations de la mairie de cette commune de 14 000 habitants. "Nous n'avons pas été consultés sur les phases clés du projet", assure la maire.
"Un projet inquiétant pour l'environnement"
L'une des principales préoccupations de la maire : le fait que cette résidence étudiante soit construite sur le terrain de l'ancienne maison forestière d'Avon. "Ce projet massacre un jardin de 2 800 mètres carrés. Des haies vont disparaître car les travaux des fondations sectionneront leurs racines et que les façades du bâtiment les priveront de lumière", note l'édile. Autre point de désaccord pour Marie-Charlotte Nouhaud : "Il est discriminant pour les étudiants à faibles ressources. C’est à ce jour l’unique projet de résidence étudiante aussi éloignée du campus de l’Université Paris-Est Créteil situé à Fontainebleau."
D'après la maire, "il faut compter 40 minutes de marche pour aller de l’ex-maison forestière au campus, 30 minutes pour aller au centre-ville, 30 minutes pour se rendre à la gare alors que les étudiants ont besoin de rentrer chez eux le week-end." Enfin la Ville d'Avon craint que la présence de cette résidence dégrade le cadre de vie des riverains. "Nous savons que la vie nocturne fait partie du quotidien des étudiants mais nos habitants pourraient être impactés par le bruit. D'autant plus que le centre-ville de Fontainebleau n'est pas accessible à pied depuis la résidence", s'inquiète l'élue.
Modification du Plan Local d'Urbanisme
Marie-Charlotte Nohaud l'affirme : elle n'est pas opposée au projet de résidence étudiante sociale en lui-même. Elle proteste contre "le projet tel qu'il est défini actuellement." Pour qu'il aboutisse, une modification du Plan Local d'Urbanisme (PLU) est nécessaire.
La mairie d'Avon regrette que la modification du PLU ait été votée malgré les réserves émises par les élus et les riverains de la commune. Des réserves concernant notamment l'emplacement de la résidence sociale étudiante. En juillet dernier, le premier permis de construire délivré à la mairie de Fontainebleau a été retiré par un recours gracieux car il n'était "pas conforme au PLU en vigueur", selon la maire. Un nouveau permis de construire a été délivré en décembre dernier mais "ne modifie en rien de significatif le premier. Il est même pire puisque le nombre de places de stationnement, initialement de 50, est descendu à 41", écrit la mairie. La maire a saisi la cour administrative d'appel de Paris.
La mairie d'Avon propose une alternative
"Même si cette résidence est sur le territoire cadastral de Fontainebleau, elle sera à 1 mètre 50 d'Avon donc tout le monde craint d'entendre plus de voitures et d'avoir globalement plus de bruit vers chez nous", selon Gilles Peccoud, président du Conseil Syndical de l'immeuble résidentiel situé à côté du futur projet.
Face à ce projet, la Ville d'Avon propose une solution alternative. "Nous proposons de modifier la localisation de cette résidence pour la construire en bordure de gare sur une parcelle en requalification. Elle pourrait garder le même nombre de chambres et son statut de résidence sociale", assure Marie-Charlotte Nouhaud.
La mairie de Fontainebleau répond
De son côté, Julien Gondard, maire Sans Etiquette de Fontainebleau répond que sa municipalité a déjà "baissé de près de 80 chambres et de deux étages le projet initial." Sur les préoccupations environnementales et de localisation, l'édile assure que le projet est "solide" et demande à sa consœur de stopper sa grève de la faim "car elle se met en danger physiquement."
À propos de l'emplacement de cette résidence, il répond que "le quartier n’est en rien isolé car il est connecté avec le centre-ville d’Avon."
En ce qui concerne, le manque de concertations reproché par son homologue avonnaise, il estime que "depuis un an des échanges lui sont proposés avec son équipe municipale. Une seule réunion a pu se tenir, le 18 septembre 2023, entre les majorités des deux villes. Jusqu’à présent seul le retrait pur et simple du projet était proposé par nos homologues avonnais."
La sortie de terre de la résidence est prévue autour de décembre 2025, selon la mairie de Fontainebleau.
