"Les patients sont en danger dans cette clinique", un médecin de la clinique Saint-Brice témoigne

L’agence régionale de Santé d’Île-de-France a fermé le 11 juillet dernier le bloc opératoire de la clinique Saint-Brice en Seine-et-Marne faute d'un nombre suffisant d'anesthésistes. Une information révélée par la cellule investigation de Radio France.

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"Le nombre de médecins, d'anesthésistes, d'infirmières n'y est pas", assure un médecin de la clinique qui a souhaité garder l'anonymat, confirmant les informations révélées par la cellule investigation de Radio France. Selon lui, "les patients de la clinique sont en danger", approuvant la décision de l'Agence régionale de Santé, de fermeture du bloc opératoire constituée de deux salles, de la clinique Saint-Brice.

Panne du stérilisateur, système incendie pas à jour, des prestataires refusant de livrer du matériel médical car non payés... énumère également le médecin. "ll y a de nombreux dysfonctionnements qui mettent en jeu la sécurité des patients", s'était par ailleurs émue en juin dernier la commission médicale d'établissement dans un compte-rendu adressé à la direction et à l’ensemble du personnel soignant.

Une clinique du groupe AVEC

Réputée en chirurgie digestive auprès de stars de téléréalité cherchant à perdre quelques kilos rapidement, la clinique Saint-Brice dispose de deux salles au bloc opératoire. Elle appartient au groupe privé AVEC. 

"À partir du moment où le nouveau groupe a racheté les deux cliniques, celle de Saint-Brice et celle de Romilly-sur-Seine (dans l'Aube Ndlr), les choses ont complètement changé. Il y a eu une diminution flagrante du personnel. Beaucoup de personnes ont été poussées vers la sortie et n'ont pas été remplacées, que ce soit aussi bien le personnel soignant que médical", assure le médecin. "On avait compris que ce groupe faisait des économies sur tout. (...) Il prenait tout ce qu'il pouvait dans les caisses pour continuer leur développement et tirait complètement sur la corde en mettant entre parenthèses la sécurité des patients", dénonce-t-il. 

Des médecins fantômes

Par ailleurs, Radio France affirme que des médecins travaillant dans d'autres cliniques ou d'autres départements étaient inscrits sur les plannings mais qu'ils ne sont jamais venus dans la clinique Saint-Brice. Au moins l'un de ces anesthésistes a même été rémunéré en échange de l'utilisation de son nom, affirme une de ces sources. Selon nos confrères, la clinique semble avoir gonflé artificiellement son nombre de médecins pour tromper les autorités de janvier à juin dernier. 

"Une situation préoccupante" selon l'ARS

"L'Agence régionale de Santé est venue plusieurs fois en trois ans et a constaté les dysfonctionnements. Un ultimatum a été lancé à la direction demandant à ce que la sécurité soit assurée", affirme ce médecin. 

Le 11 juillet, l'ARS a donc demandé la fermeture du bloc opératoire. Sollicitée ce mardi 16 août, elle affirme que "la clinique Saint Brice a fait l’objet d’une inspection inopinée de l’ARS en mars 2022, qui a donné lieu à la remise d’un rapport à l’établissement. La phase de contradictoire est encore en cours. En fonction des résultats de cette phase, des sanctions sont possibles."

Selon la cellule investigation de Radio France, une plainte a été déposée pour "détournement de fonds" et "prise illégale d'intérêt" pour la gestion de la clinique mutualiste de Grenoble. Le parquet de Grenoble a ouvert une enquête.

"Jamais la santé des patients de cette clinique n’a été négligée", selon le groupe AVEC

Sollicitée à plusieurs reprises, la direction de l'établissement de santé seine-et-marnais n'était pas joignable mardi 16 août.

"Depuis le 18 juillet, la clinique est fermée, car elle n'est que chirurgicale. Il reste juste une activité résiduelle de consultations. Cette décision fait suite à un processus de concertation avec l'ARS", explique Jean-Luc Dalmas, directeur des opération du groupe AVEC joint par téléphone ce mercredi 17 août. Et de poursuivre : "nous avons des difficultés de recrutement de médecins anesthésistes. Et si nous n'avons pas le nombre d'anesthésistes suffisant, nous ne pouvons pas faire tourner le bloc opératoire. Cela fait deux ans que nous fonctionnons sur un mode chaotique."

Jean-Luc Delmas réfute par ailleurs avoir "gonflé artificiellement les plannings". "Nous n'avons pas caché des plannings à l'ARS. Devant ses difficultés, (de recrutements, Ndlr), nous avons dû faire appel à des médecins anesthésistes extérieurs pour compléter le tableau de garde, des astreintes. Ils apparaissent donc sur le tableau de garde et s'il n'y a pas d'activités, ils n'ont pas à se déplacer. Nous les appelons qu'en cas de besoin et comme l'activité est très réduite, nous n'avons pas besoin de les faire intervenir sur le site", argumente-t-il, ajoutant réfléchir à l'avenir de la clinique qui, selon lui, a vu son activité se réduire depuis le Covid.



 
 


 


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