Le tribunal correctionnel de Melun a condamné ce mercredi soir Pierre Palmade à cinq ans de prison dont deux ans ferme pour le grave accident de la route qu'il a causé sous l'emprise de stupéfiants. Les réquisitions du parquet ont été suivies.
Après une grosse heure de délibéré, le tribunal de Melun a reconnu l'humoriste coupable de blessures involontaires sur une famille dans la collision qu'il a provoquée sur une route de Seine-et-Marne le 10 février 2023 en conduisant sous l'emprise de stupéfiants. Il a été condamné à 5 ans d'emprisonnement dont deux ans ferme.
Il ressort néanmoins libre du tribunal de Melun. Il effectuera sa peine ultérieurement. "Vous serez très prochainement convoqué par le procureur de Bordeaux (où il réside désormais, ndlr) qui déterminera la date et l'établissement pénitentiaire dans lequel vous exécuterez deux ans de détention", a expliqué le président du tribunal à l'accusé.
Le réquisitoire suivi
Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet. "C'est bien la faute de conduite de monsieur Pierre Palmade qui est la cause directe de tous les dommages subis par les victimes", avait déclaré lors de ses réquisitions peu après 18 heures, la procureure Marie-Denise Pichonnier. "On ne peut pas être trop indulgent quand le dommage s'est réalisé et que la conduite sous l'empire des stupéfiants a causé un drame", avait-elle ajouté.
La magistrate avait requis cinq ans de prison, dont deux ferme, avec mandat de dépôt différé. Elle avait également demandé une obligation de soins, l'annulation de son permis de conduire avec interdiction de lui en renouveler un, avant 5 ans, et l'indemnisation des parties civiles.
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La procureur avait également souligné des "éléments favorables" : "une reconnaissance des faits de la part de monsieur Pierre Palmade" qui "a exprimé ses remords très rapidement" ainsi que le "respect scrupuleux des obligations de soins", depuis une rechute à l'été 2023 et une sortie en boîte de nuit largement médiatisée.
Le pardon de Pierre Palmade aux victimes
Lors de l'audience, Pierre Palmade s'est dit accablé et a demandé pardon aux victimes. "Les graves blessures de M. Y. et le traumatisme de Mme C. (qui a perdu son foetus de six mois, ndlr), ça m'a mis par terre. Je suis vraiment accablé, éprouvé de les voir en vrai", a déclaré à la barre l'artiste de 56 ans pour sa première expression publique dans cette affaire ultra-médiatisée.
Se tournant vers les bancs des parties civiles, la main sur son ventre, des petits yeux d'enfants au milieu d'un visage livide, Pierre Palmade s'est adressé directement à elles pour leur "demander pardon du plus profond de (s)on être". "Je comprends leur colère. Un fou drogué leur est rentré dedans, c'est de l'ordre de l'inexcusable", a concédé l'humoriste, devenu un paria du showbiz avec cette affaire qui a révélé au grand public la face sombre et la déchéance d'un artiste englué depuis des années dans sa toxicomanie, au point de ne plus pouvoir travailler.
Dans la matinée, l'humoriste avait été confronté dans le prétoire au récit des vies brisées des victimes de la famille de la voiture d'en face.
"En enfer"
Outre le comédien, l'accident a fait trois blessés graves d'une même famille : un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-soeur de 27 ans, qui a perdu après le choc, le bébé qu'elle attendait.
Enceinte de six mois lors de l'accident, la femme assise sur le siège passager avant a subi une césarienne en urgence. Sa fille à naître, prénommée Solin, a été déclarée morte après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine.
"C'est très difficile pour moi d'être présente aujourd'hui dans cette salle, il y a un gros travail fait avec ma psychiatre", a déclaré celle qui est désormais mère d'une fille de deux mois, après une "grossesse très douloureuse".
Selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui s'est prononcée sur des cas semblables d'accidents de la route, un enfant qui n'est pas né vivant n'existe pas en tant que personne légale.
Le bras gauche en écharpe, s'avançant vers la barre avec une infinie lenteur en s'appuyant sur une béquille, le conducteur Yuksel Y. a décrit sa nouvelle vie circonscrite par la douleur et les blessures. "J'étais chef d'équipe, j'avais des amis, pendant le weekend, j'essayais de profiter avec mes enfants, ma famille (...), aujourd'hui, je ne peux plus faire ce genre de choses", a-t-il témoigné via une interprète en turc.
"Les parties civiles sont satisfaites de la tenue des débats", a déclaré à France info leur avocat, Mourad Battikh, ce mercredi soir, à la sortie d'audience du tribunal correctionnel. "Chacun a pu donner son point de vue, chacun a pu exprimer ce qu'il a ressenti avant pendant et après cette journée dramatique, et en ça nous sommes satisfaits", a ajouté Mourad Battikh, qui ne déclare ne pas avoir de commentaire à faire sur la condamnation.