REPORTAGE. Campings municipaux : 20 euros, "un tarif imbattable" pour l'été

Si durant l’été, la France et ses près de 8 000 campings font le plein sur le territoire, une poignée de campings municipaux à moindre coût, mais “dépassés” pour certains, attirent un public en quête de nature et de simplicité. En Île-de-France, le camping municipal de Samoreau fait de la résistance face aux campings privés, et n’a rien à leur envier.

“Là, il n’y a personne ! Je suis un éternel insatisfait, il y a bien plus de monde le week-end”, confie David Roussel lors de notre venue. Il est le responsable du camping municipal de Samoreau déjà rempli au quart et situé dans le pays de Fontainebleau, en Seine-et-Marne. Ici, exit les mobil-homes, les piscines chauffées, les espaces aquatiques ou les équipements de loisirs. Il n’y a “que” la nature.

“Calme” et “nature” sont les maîtres-mots que ressassent ceux qui font escale dans ce village de deux mille âmes, le temps d’une nuit ou d’un week-end. Qu’ils soient habitués ou qu’ils viennent de découvrir le lieu, les campeurs qui marquent l’arrêt dans ce camping municipal recherchent la simplicité, bien loin des vastes complexes de vacances privés.

"Nous n’avions jamais été en camping aussi proche de Paris"

“Nous recherchions uniquement du calme et des sanitaires”, indique Agnès en compagnie de son mari Jean. Devant leur mini-van et leurs deux vélos, ces retraités ont fait escale dans le pays de Fontainebleau le temps de quelques jours. “Nous nous y sommes arrêtés car c’était pas cher. Il n’y a pas de grosses structures comme des piscines ou des toboggans”, affirme Jean. Pour cet écrin de verdure, il faut compter 9,50 euros la nuit pour une personne avec une tente, et entre 20 et 25 euros la nuit pour une ou deux personnes accompagnées d'un camping-car ou d'un fourgon aménagé.

"Nous nous y sommes arrêtés car c’était pas cher. Il n’y a pas de grosses structures comme des piscines ou des toboggans"

Jean

retraité

“Ça fait la fête, ça se couche à 2 heures du matin. Ça nous arrive aussi, mais dans les campings privés, c’est toutes les nuits”, ajoute-t-il. Parti de Troyes, dans l’Aube, le couple originaire d’Angers reprendra ainsi la route pour rejoindre Châteaudun et la vallée du Loir. “Fontainebleau était sur notre trajet, [...] nous connaissions surtout de nom, pour le château notamment. L’office de tourisme nous a redirigés vers ce camping, qui nous a plu.”

Ils assurent tout de même se méfier de la proximité avec la ville. “Même Fontainebleau, lorsqu’on part avec les vélos, si nous laissons le camion, nous fermons tout”, souffle Jean. “Nous n’avions jamais été en camping aussi proche de Paris !”, ajoute sa femme en riant. Au-delà, le cadre naturel du lieu leur permet d’oublier l’urbain, si proche. “Il faudrait être difficile pour ne pas apprécier ce lieu”. Lors de leur séjour en camping dans l’Aube, ils assurent qu’ils pouvaient laisser leur auvent ouvert. “Ici, je ne le ferai pas. Comme il s’agit quand même d’un camping municipal, c’est ouvert à tous”.

"Jamais je n'aurais imaginé qu’il y avait autant de verdure en région parisienne"

Pascal

résident

"C’est bien comme endroit, moi je trouve ça très bien. J’avais un a priori à 3000% sur le lieu", confie Pascal, 58 ans, de passage pour une nuit. "Jamais je n'aurais imaginé qu’il y avait autant de verdure en région parisienne".

Samoreau et son camping, c’est une histoire qui dure depuis plus de quarante ans. Quand "l'hôtellerie de plein air" se développe à grande échelle dans les années 1970 en France, au détriment des terrains municipaux et de leurs simples toiles de tente, le camping de Samoreau conserve son authenticité. "Vous voyez le sapin qui est là ? Il a quarante ans, et c'est l'un des anciens résidents qui l'a planté", révèle David, précisant qu'il n'était pas encore né quand le camping s'est créé. "Moi, je fais du camping depuis l’âge de dix ans. Quand je suis arrivé ici, c’était un retour en enfance pour moi".

"À Samoreau, les gens ne recherchent pas la piscine, ni le coin snack dans le camping. Nous avons le bord de Seine, et cela suffit très bien. La baignade est interdite, mais chaque personne est adulte et fait ce qu'elle souhaite", ajoute-t-il.

"Quand je suis arrivé ici, c’était un retour en enfance pour moi"

David Roussel

responsable du camping municipal de Samoreau

Près du camping municipal, les cyclistes se succèdent abondamment en bord de Seine, au rythme des bateaux. À raison, le camping est traversé par l'Eurovéloroute 3, une voie verte aussi appelée la "Scandibérique" depuis 2020. "Il y a 300 à 400 cyclistes à l'année dans ma clientèle et le camping est labellisé Accueil Vélo depuis cette année. Le cadre s'y prête bien. Quand il fait beau, les locaux et les familles viennent profiter du bord de Seine, et en plus il y a la buvette à côté pour boire un coup".

Le camping et la buvette, un repère d'amateurs de jazz... et d'escalade

La buvette justement, c'est le rendez-vous des locaux et des vacanciers du camping. Mallory, Julie et Thomas, nés à Samoreau, tiennent leur petite "guinguette" depuis plus de deux ans. Ils l'ont reprise à la suite d'un appel d'offres de la mairie. "C'est hyper paisible comme spot", assure Julie.

De son côté, David Roussel s'est vu proposer la gestion du camping en même temps qu'eux. Si l'on peut d'abord penser que le camping va de pair avec la guinguette, connue des amateurs de jazz, les deux voisins assurent réfuter l'idée. "Le camping, c'est 5% de notre clientèle. Ce sont les locaux qui viennent ici et les familles qui recherchent un endroit comme celui-ci", assure Mallory.

Pour eux et David, les bords de Seine de Samoreau et son camping municipal "à un tarif imbatable" récoltent le fruit du dynamisme et de l'attractivité de leur région : l'escalade en forêt de Fontainebleau, la Scandibérique, mais surtout le festival Django Reinhardt. "C’est l'une des références du jazz manouche", souligne Julie.

“Des musiciens du monde entier jouent pendant une dizaine de jours dans le camping, avec leurs stands et des luthiers. Ça joue du jazz un peu partout”

Mallory

co-gérant de La Buvette de Samoreau

L'artiste mondialement connu a vécu à Samois-sur-Seine, commune voisine de Samoreau. L'événement annuel qui a eu lieu du 22 au 25 juin dernier s'est déroulé au château de Fontainebleau avec un Off à Samois, et un justement à Samoreau, au camping et à la buvette.

“Des musiciens du monde entier jouent pendant une dizaine de jours dans le camping, avec leurs stands et des luthiers. Ça joue du jazz un peu partout”, se réjouit Mallory. "Au camping, nous avons tous types de personnes. Pendant une semaine tous les ans, il y a le festival, conclut David Roussel. Autrement, beaucoup de gens, dont des touristes étrangers, viennent visiter et grimper dans la forêt de Fontainebleau", un spot d'escalade réputé en Europe.