Seine-et-Marne - Dénonçant des "violences", la Cimade se retire du centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot

La Cimade n'intervient plus dans le Centre depuis le 11 juillet dernier. De son côté, la police aux frontières indique que la situation pointée par l'association "n'est pas avérée".

Selon la Cimade, environ 200 personnes sont actuellement retenues au Centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), d'une capacité de 240 places et où sont maintenus les étrangers qui font l'objet d'une décision d'éloignement, dans l'attente de leur renvoi forcé. Ces derniers jours, "il y a eu trois tentatives de suicide dans le centre sans compter les actes d'automutilations. Pour réprimer les grèves de la faim, les retenus sont envoyés en cellule d'isolement", a affirmé à l'AFP le secrétaire général de la Cimade, Cyrille de Billy. "Ces violences ne permettent plus aux équipes de la Cimade d'exercer leur mission d'accompagnement juridique dans de bonnes conditions."

Il y a dix jours, sur son site Internet, la Cimade avait d'abord annoncé un retrait provisoire de trois jours pour dénoncer des "violences [qui] ont atteint un degré intenable : tentatives de suicide répétées, automutilations, enfermement en cellule d’isolement disciplinaire pour réprimer une grève de la faim, etc.".
 

La Police aux frontières conteste

La situation dénoncée par l'association "n'est pas avérée" a réagi la Direction centrale de la police aux frontières (DCPAF), qui gère les centres de rétention. Selon elle, il n'y a, par exemple, pas eu trois tentatives de suicides, mais "trois retenus qui sont montés sur la clôture et sur un bâtiment pour tenter de s'échapper".

Selon l'association, au CRA du Mesnil-Amelot, "l'accès à l'eau potable n'est plus possible après 19h. Une femme enceinte soudanaise est retenue actuellement et a des difficultés d'accès aux soins". Là aussi, la DCPAF s'inscrit en faux. Il y a bien eu problème avec des fontaines à eau qui doivent être remplacées, "après des actes de vandalisme". Mais, "dans l'intervalle des bouteilles d'eau sont distribuées aux retenus".

"Nous travaillons au quotidien avec les intervenants de la Cimade et nous n'avons pas été alertés ces derniers jours" sur des violences telles que présentées par l'association, ajoute la DCPAF, qui rappelle qu'il existe une "transparence" sur les conditions de vie dans les centres de rétention, avec des contrôles, par exemple du Défenseur des droits ou de parlementaires, qui peuvent exercer leur droit de visite.
 

Lettre au ministre de l'Intérieur

Le retrait de la Cimade intervient trois semaines après une lettre envoyée au ministre de l'Intérieur par 22 associations lui rappelant "l'urgence de la situation en rétention et la nécessité notamment de prendre en charge les personnes atteintes de troubles psychiques graves". Dans une réponse consultée par l'AFP, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a assuré que "la prise en charge psychologique des personnes retenues va faire l'objet d'un renforcement". La Cimade estime que cette réponse est "insuffisante" et "nie les pratiques illégales quotidiennes en centre de rétention comme l'enfermement des enfants ou l'expulsion de demandeurs d'asile avant la réponse de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides)".

Sur les 2.800 personnes enfermées au CRA Mesnil-Amelot en 2018, 1.000 ont été expulsées, selon le rapport annuel des associations habilitées à intervenir en CRA.
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