Cet homme âgé de 66 ans avait fait un malaise lors de sa prise de service fin mars. Après un long massage cardiaque, il avait été déclaré mort avant que les secours ne se rendent compte que son cœur battait. Un événement rarissime.
Ses collègues et les secours le pensaient décédé. L'homme de 66 ans avait pris son service très tôt dans la matinée du 29 mars, et "n'a pas eu le temps de commencer qu'il a fait un malaise", explique une porte-parole de la Sepur, son employeur. "Les collègues de l'agence de Neuilly-sur-Marne ont pratiqué un massage cardiaque avant que les secours n'arrivent", précise la Sepur, spécialisée dans la collecte et le tri des déchets.
Les équipes du Samu de la Seine-Saint-Denis ont ensuite pris en charge l'éboueur et prodigué "une réanimation cardio-pulmonaire prolongée de plus de cinquante minutes compte tenu de l'âge et de la présence de facteurs de bon pronostic", explique le professeur Frédéric Adnet, chef du Samu du département.
"C'est au moment de la levée du corps que l'équipe des secours s'est rendue compte qu'il était encore en vie", selon la Sepur.
Une demi-heure après avoir été déclaré mort, "les forces de l'ordre indiquaient qu'il existait des signes de vie du patient", confirme le Pr. Adnet. "On a redépêché une équipe et on a constaté qu'il y avait un cœur qui battait efficacement et donc on l'a transporté en réanimation à l'hôpital de Montfermeil". L'éboueur est dans un "état désespéré", à ce jour.
Phénomène de Lazare
Ce qu'il s'est produit est "une chose d'assez exceptionnelle, je n'avais pas encore eu de cas dans ma carrière", confie le professeur Adnet.
Ce phénomène est nommé "phénomène de Lazare", en référence à Lazare de Béthanie, ressuscité par le Christ selon la Bible.
"Les hypothèses explicatives ne sont pas encore convaincantes mais, néanmoins, on pense que quand on fait une réanimation intensive et que le cœur ne repart pas et qu'on débranche le patient on modifie brutalement le régime de pressions intrathoraciques", explique le professeur et ancien chef des urgences de l'hôpital Avicenne à Bobigny.
"L'interruption de la réanimation peut donc permettre au cœur de retrouver une activité efficace", ajoute-t-il. Mais "en regardant la littérature, on constate qu'il y a aucun cas où les patients s'en sont sortis vivant".
Un autre phénomène pouvait s'apparenter à celui d'"un miracle", il y a une trentaine d'années. "On voyait des gens qui se réveillaient dans leur cercueil. C'était dû aux intoxications aux barbituriques qui donnaient des 'tableaux' de patient décédé".
Une cellule psychologique a été mise en place pour les collègues de l'éboueur soumis à "cet ascenseur émotionnel", a indiqué son employeur pour qui il travaillait depuis une dizaine d'années.