Abbé Pierre : "Vous devez payer pour ces crimes", des militants devant le siège d'Emmaüs pour demander justice

Des mains peintes en rouge sont collées sur la façade : "Vous avez du sang sur les mains", est-il écrit en gros caractères. Ce mardi matin, une dizaine de militants étaient rassemblés devant le siège d’Emmaüs à Montreuil en Seine-Saint-Denis, pour exprimer leur soutien aux victimes de l'Abbé Pierre et exiger que la justice soit saisie.

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"C'est scandaleux que la justice soit silencieuse", dénonce un mégaphone à la main, Arnaud Gallais, activiste des droits de l’enfant et cofondateur de Mouv'Enfants, alors que l'Abbé Pierre est visé par 17 nouveaux témoignages l'accusant de violences sexuelles qui auraient été commises entre les années 1950 et les années 2000, selon un rapport du cabinet spécialisé Egaé.

L'Abbé Pierre, longtemps l'une des personnalités préférées des Français et figure emblématique de la lutte sociale, est accusé par un total de 24 femmes d'avoir commis des violences sexuelles, selon ce rapport.

Dans un rapport indépendant commandé par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre et publié le 17 juillet, il est indiqué : "Le Mouvement Emmaüs rend publics des faits qui peuvent s’apparenter à des agressions sexuelles ou du harcèlement sexuel, commis par l’abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005", précisait un communiqué de l’organisation.

"La non-dénonciation est un délit"

Réunis devant les locaux d'Emmaüs France et International à Montreuil, les militants brandissent des pancartes. Les phrases sont chocs : "La non-dénonciation est un délit." "Vous devez payer pour ces crimes".

L'association exige que la justice ouvre une enquête pour non-dénonciation de crimes et agressions sexuelles. "Nous organisons cette action tout d’abord pour soutenir les victimes". "On pense bien évidemment à elles, mais c’est aussi une action pour exprimer notre colère", explique Arnaud Gallais, membre démissionnaire de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants), lui-même violé entre 8 et 11 ans par un prêtre missionnaire.

"Nous exigeons que la justice poursuive les personnes qui savaient pour non-dénonciation de crimes et délits commis par l'Abbé Pierre". "Des dirigeants de la Fondation Abbé Pierre, d’Emmaüs Internationale, d’Emmaüs France, le diocèse de Grenoble et la CEF savaient mais n'ont rien fait", explique le militant.

"Est-ce que c'est normal qu'une organisation qui n'a pas dénoncé des crimes et des faits de violences sexuelles (...) puisse faire justice elle-même en mandatant un cabinet privé ?", s'insurge Arnaud Gallais.

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Des militants se sont rassemblés devant le siège d'Emmaüs pour exiger que la justice soit saisie pour les victimes de l'Abbé Pierre. ©France3Paris

Arnaud Gallais rappelle que dans cette affaire, "On parle d’agressions sexuelles, de viols, et que le viol est un crime". Il rappelle aussi que "50 % des victimes de pédocriminalité font une tentative de suicide".

"Dans un État de droit, c’est à la justice d’établir la vérité des faits, et non à un cabinet extérieur mandaté par l’institution qui aurait couvert les faits. Par dignité pour les victimes, le parquet de Paris doit s’autosaisir même si les faits sont prescrits". "Le militant des droits des enfants n'a pas de grief particulier contre le cabinet Egaé en charge du dossier mais, précise-t-il : "Nous sommes dans un Etat de droit et à un moment donné il faut que ce soit la justice qui soit saisie et non pas un cabinet privé".

Sollicité Emmaüs France n'a pas souhaité, à cette heure, réagir à nos questions.

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