Le projet Greendock : un immense entrepôt de 90 000 m2 que la société Goodman et Haropa Port comptent bâtir en bord de Seine et qui irritent déjà des habitants de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine.
Fronde contre Greendock, au nord de Paris ! Ce projet comprend l'installation d'un entrepôt constitué de cinq étages. Il est porté par l'entreprise australienne Goodman et Haropa Port, propriétaire du terrain et gestionnaire des ports du Havre, de Rouen (Seine-Maritime) et de Paris. Plusieurs communes de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine vont devenir voisines de ce grand lieu de stockage de marchandises. Sur place, dix associations réunies dans un même collectif s'y opposent.
Une atteinte à la nature selon les associations
Cette habitante de l'Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) tient à rester anonyme. Elle est adhérente de la Coordination Eau, mais aussi du collectif d'associations "Préservation Berges de Seine". Pour elle, hors de question d'envisager la création du Greendock. "Il va être construit en face d'un site classé Natura 2000. C'est la première zone non-anthropique d'Île-de-France : la présence humaine y est interdite. Il s'agit d'un îlot de verdure, constitué uniquement de forêt. Il y a des espèces protégées, par exemple le martin-pêcheur, un oiseau rare. Est-ce vraiment valable d'implanter ce site sur les berges du fleuve ?", s'interroge-t-elle.
Avoir ce futur voisin, ça n'enchante vraiment pas du tout cette habitante du fleuve : "Cela va être synonyme de dérangement en permanence, 24 heures sur 24. Il y aura des nuisances sonores mais aussi visuelles, sans compter la pollution de l'air. Le transport fluvial vers cet entrepôt ne représentera au mieux que 17% du trafic pendant que le reste des marchandises restera sur les camions. Il y a deux bras sur le fleuve, dont l'un contient cette zone protégée. La crainte, c'est d'avoir beaucoup de trafic fluvial sur cette partie-là".
Claire Lagrange abonde dans son sens. Cette professeur de lycée et secrétaire de l'association "Protection Berges de Seine" n'en peut déjà plus. Cela fait cinq ans qu'elle habite à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), en face du lieu envisagé pour la construction. Elle s'indigne du futur projet à venir : "Le gigantisme de ce bâtiment à venir va complètement défigurer le paysage. C'est dommage, car il n'y a plus beaucoup d'endroits de ce genre en Île-de-France. Ce coin est protégé et se trouve à 50 mètres du futur Greendock". Il s'agit d'un endroit qui tient à cœur cette mère de famille. "C'est certes un endroit trop industrialisé, mais en même temps, il y reste quelques coins de nature", continue cette habitante.
Elle est très nuancée sur l'idée de ce futur entrepôt. "Le port de Gennevilliers a le droit de se moderniser, mais pas dans la démesure. Pourquoi construire quelque chose d'aussi gigantesque, alors que seul un faible pourcentage des marchandises passera par le fleuve ?", s'indigne Claire. Cette habitante dénonce en parallèle un projet imposé : "C'est très choquant qu'un établissement public comme Haropa Port ne soit pas plus attentif à l'intérêt général. La concertation existe uniquement parce qu'on l'a réclamée. Le président de notre association l'a découverte par hasard, en décembre 2021. Il faut plutôt parler de "présentation" et non d'une "concertation". Le public a été réuni et les promoteurs ont présenté directement le projet", assure-t-elle.
Une nécessité de changer la ville, pour les communes environnantes
Du côté de l'une des communes concernées par Greendock, autre ambiance. Anne-Laure Perez, première adjointe au maire de Gennevilliers chargée de l'aménagement et de l'urbanisme, loue un "projet qui répond au schéma métropolitain de cohérence territoriale".
À en croire cette élue proche de Patrice Leclerc, maire (NUPES - PCF) de la commune : "Ce projet de densification en hauteur permet d'éviter l'étalement logistique, donc d'éviter que les entrepôts s'étendent à perte de vue. On sait que ce sont des bâtiments hauts, mais cela change du site actuel constitué d'une friche et de hangars squattés. Le projet essaie de répondre au mieux aux exigences environnementales et paysagères d'aujourd'hui. Le promoteur prévoit notamment 15% de transport fluvial. Il permet en outre de continuer à avoir une activité au cœur des métropoles."
La première adjointe est plutôt confiante sur la suite de ce projet. "Goodman et Haropa port ont lancé une consultation avant même la consultation officielle, bien en amont. Nous serons très attentifs à ce que l'entreprise et le port prennent en compte les remarques émises, qu'ils modifient le projet en fonction des attentes de la population", estime-t-elle.
Le projet prévoit d'ériger un bâtiment de 600 mètres de long et de 35 mètres de haut, sur plusieurs étages. Une fois construite, cette plateforme située à 5 kilomètres de Paris s'étendra sur 90.000m2, à en croire le promoteur Goodman. Avec cet entrepôt, le site contiendra plusieurs panneaux solaires servant à l'alimenter, ainsi qu'une ferme urbaine.
Le lancement du projet dépend des consultations. Les résultats de la concertation préalable doivent être communiqués au cours d'une réunion à la mairie de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), mercredi 12 octobre à 18 heures.