A Aubervilliers, la maire avait décidé de fermer les écoles jusqu'en septembre. Des parents d'élèves menacent de saisir la justice, si les élèves ne peuvent revenir en classe avant l'été.
"J’essaie de jongler entre les réunions en visio et les petits", raconte Morgan, père de trois enfants de 4 et 5 ans à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Le 11 mai, son conjoint est reparti travailler mais leurs enfants n’ont pas repris le chemin de l’école. "On était volontaire pour l’école dès la première date du déconfinement. On a eu le virus en janvier, donc on savait qu’on était immunisé", raconte ce papa. Mais dans sa ville, la maire Mériem Derkaoui avait décidé de fermer les écoles jusqu’en septembre. "Ce que je trouve dommage, c’est le 'non' catégorique de sa part", remarque t-il.
Un sondage pour déterminer le nombre d'écoliers à accueillir
Jeudi soir le ministre de l’Education a assuré que "toutes les familles qui le souhaitent doivent pouvoir scolariser leurs enfants au moins sur une partie de la semaine". Jean-Michel Blanquer a même assuré que les écoles seraient réouvertes dans "100% des communes". Des annonces qui pourraient contraindre la maire d'Aubervilliers à revoir son programme. Son premier adjoint a fait un premier pas dans ce sens. D'après Anthony Daguet si la fermeture des écoles était nécessaire quand la région était en zone rouge, maintenant que la region passe en zone orange, la réouverture semble possible.Si certaines écoles pourraient rouvrir, pas sûr que cela concerne en revanche la totalité des structures. L’élue communiste et candidate à sa réélection devrait mettre en place un sondage sur le site de la ville pour savoir combien de parents souhaitent remettre leurs enfants à l’école, nous confie-t-on dans son entourage. "Ça nous permettra d’anticiper et de voir combien d’écoles, il faut rouvrir. On va mutualiser les ouvertures", assure-t-on.
Pas question pour l'heure de fixer une date de reprise. Pour la fédération des parents élus d’Aubervilliers, ce sondage c'est surtout "un moyen de jouer la montre". "Ça fait un mois qu’elle a le retour des parents, nous sommes des représentants de parents !", défend Aurélie Esteves, membre de la fédération et élue Fcpe à Aubervilliers.
En avril, la Fcpe 93 avait organisé un sondage pour connaître la proportion de parents favorables à la reprise de l’école dans le département. 75 % des parents y étaient opposés. "Mais ça veut dire que 25% des enfants sont lésés, et puis le sondage a été fait avant la diffusion du protocole sanitaire qui peut rassurer les parents", plaide la maman d'élève.
Une réouverture progressive
Les représentants des parents d’élèves réclament une réouverture progressive. "On ne demande pas à être à 25 enfants par classes mardi, on demande une réouverture progressive de toutes les écoles. Les enfants en ont besoin et il faut tester cette rentrée progressive maintenant. Ce n’est pas en septembre qu’on va tester pour encore faire perdre deux mois de scolarité aux enfants", s’indigne-t-elle.Les représentants prévoient déjà une mobilisation mercredi devant la mairie pour faire entendre leurs voix. Ils pensent aussi saisir la justice comme l’a fait une parent d’élève à Bobigny il y a quelques semaines. Le tribunal de Montreuil avait estimé que la non-réouverture des écoles maternelles à Bobigny portait "une atteinte grave et illégale au droit à l'éducation".