Le réalisateur Michel Gondry a défendu vendredi devant la nouvelle municipalité d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) son projet d'"usine de films amateurs", un espace de création gratuit et ouvert à tous qui devait voir le jour en 2016, suspendu faute d'argent.
Reçu par le maire communiste Pascal Beaudet en fin de journée, le réalisateur a obtenu un délai avant un abandon définitif pour que "la ville puisse élargir le plan de financement", a dit à l'AFP la municipalité. Il y a deux semaines, elle avait annoncé qu'il coûtait trop cher.
Porté depuis trois ans par l'ancien maire socialiste, le réalisateur et de nombreux habitants de la commune, le projet prévoit de s'installer dans l'ancienne manufacture des allumettes, un immense bâtiment industriel à réhabiliter au préalable.
Ouvert à tous gratuitement, il permettra, selon le souhait de son inventeur, "d'écrire une histoire en petit groupe et de la réaliser dans des décors dignes de ceux du cinéma", créés grâce à des objets de "récup".
>> Voir le reportage de Emmanuelle Hunziger et Frédéric Askienazy
Se défendant de faire "marche arrière", la municipalité, qui n'avait pas encore rencontré Michel Gondry, a proposé de "se revoir à l'automne pour avoir le temps de retravailler sur le plan de financement ou trouver un autre lieu de la commune, qui coûterait moins cher à réhabiliter".
Estimée dans un premier temps à 1,8 million d'euros, "l'usine" coûterait, selon les nouveaux élus, 2,7 millions pour les travaux de désamiantage, de réhabilitation et l'installation du projet de M. Gondry. La ville s'était engagée à participer à hauteur de 500.000 euros.
"J'étais très touché de pouvoir investir ce lieu, qui est super. Mais ça peut être ailleurs, l'important c'est que ça existe", a déclaré Michel Gondry, lors d'une rencontre avec la presse en marge de son rendez-vous à la mairie.
Attaché à Aubervilliers, où il est investi dans des projets culturels et cinématographiques, le réalisateur de "La science des rêves" ou "Eternal sunshine of the spotless mind" a défendu qu'il n'avait "pas envie d'atterrir à Saint-Cloud ou à Versailles".
"J'ai été privilégié et je veux partager ça avec ceux qui n'ont pas eu ces privilèges. L'usines de films amateurs doit être l'endroit de la mixité, des rencontres, de l'amusement", a-t-il poursuivi.
L'installation itinérante de ce projet a déjà trouvé le succès, pour une durée déterminée, à New York, au Brésil ou au centre Pompidou, à Paris. Prochainement il devrait être à Lille, Maubeuge, Créteil, Tokyo ou encore en Algérie.