Lundi 1er mars, la rue Maxime-Gorki est officiellement devenue la rue Jacques-Chirac, ainsi en a décidé le conseil municipal. Pour s'opposer à ce changement, de nombreux riverains ont signé une pétition.
Le maire, Bruno Beschizza, avait annoncé en septembre 2019, à la mort de Jacques Chirac le souhait de baptiser une rue d'Aulnay du nom de l’ancien président. "Les mois ont passé, et on n'a plus entendu parler de ce projet", raconte Jacques Mootoogounden, 78 ans, à la tête de la fronde qui s'est constituée parmi les riverains de la rue Maxime-Gorki.
"C’est seulement fin août dernier que j’ai appris par un papier déposé dans la boîte aux lettres, le projet de la mairie de débaptiser notre rue, et de l'appeler rue Jacques-Chirac, explique le retraité. Choqué par cette décision qui avait été prise sans prévenir les riverains et avec l'aide d'une autre voisine, nous avons fait un recours au tribunal administratif de Montreuil", poursuit-il. "Puis, j’ai pris mon bâton de pèlerin et pendant une semaine j’ai rencontré presque tous mes voisins pour les informer du changement de nom et leur faire signer une pétition contre ce projet. Cette pétition est totalement apolitique", insiste Jacques Mootoogounden.
"J’ai informé le maire par courrier recommandé, que 90 % des riverains étaient hostiles à ce projet"
"J’ai recueilli 48 signatures de personnes qui étaient hostiles au changement. Seules quatre n’ont pas souhaité signer cette pétition. Dans la grande majorité, les signataires de la pétition ont été heurtés par la démarche de la mairie", explique-t-il. "On ne les avait pas prévenu, on ne leur avait pas demandé leur avis…".
Outre le manque de considération dont a fait preuve la mairie, Jacques Mootoogounden rappelle que beaucoup de personnes âgées se sont aussi inquiétées des démarches administratives compliquées (auprès des impôts, de la Sécurité sociale, de leur mutuelle…), liées à ce changement d’adresse.
"J’ai informé le maire par courrier recommandé, que 90 % des riverains étaient hostiles à ce projet", poursuit le riverain. "Je n’ai pas eu de réponse. Je ne suis absolument pas contre le fait qu'il existe une grande rue Jacques Chirac dans notre commune mais je pense qu’on aurait pu trouver un autre endroit pour l'installer. Un stade nautique va être construit prochainement, des boulevards vont sortir de terre sur l'ex-friche PSA, pourquoi ne pas les appeler du nom du président ?", suggère t-il.
Les nouvelles plaques de rue ont été installées lundi
De son côté la municipalité estime que la mobilisation des riverains est instrumentalisée par les élus d'opposition. Dans un droit de réponse publié sur les réseaux sociaux, le 25 février, Stéphane Fleury, l'un des adjoints au maire, rappelle que Maxime Gorki, écrivain russe était "membre de la nomenklatura soviétique sous Staline". Il poursuit en précisant que le conseil municipal est "le seul organe légitime, démocratique et compétent sur le sujet". Et conclut "N’en déplaise à l’opposition, nous avons été élus dès le premier tour avec près de 60 % des suffrages. Nous sommes en responsabilité et entendons continuer d’agir chaque jour pour les Aulnaysiens et leur véritable préoccupation".
? Droit de réponse aux déclarations de l’opposition municipale relatives à la « rue Jacques Chirac »
— Amis de la Majorité Municipale d’Aulnay-sous-Bois (@a2maulnay) February 25, 2021
Découvrez le droit de réponse complet de la Municipalité ⤵️ pic.twitter.com/2RV6uMnESr
Dans un communiqué le 1er mars, la mairie persiste : "Le 8 juillet 2020, le conseil municipal d'Aulnay-sous-Bois a décidé de dénommer, rue Jacques Chirac, la voie qui s'étend de la place du Général Leclerc à la rue de la division Leclerc. Cette délibération a été approuvée par 44 conseillers municipaux sur 53".
Pour tenter d'apaiser la colère des riverains, il est aussi précisé que "la prise en charge financière des formalités administratives liées à ce changement de nom", sera assumée par la commune.
"Ça m’arrache les tripes cette décision", dit ulcéré, Jacques Mootoogounden. "Je suis né ici dans cette rue, il y a 78 ans. Mes parents y ont tenu un café toute leur vie. Ici, c’est une partie de mon histoire et je pense que comme tous les Aulnaysiens, qui ont participé à l’histoire de cette commune, nous avons le droit d’être entendus".