Le centre culturel Mains d'Œuvres mobilisé après son expulsion à Saint-Ouen : "On a la boule au ventre"

Près d’une semaine après son expulsion, le centre Mains d'Œuvres continue à lutter. Le lieu, installé depuis 2001 à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, abritait 250 artistes, et 70 salariés y travaillaient. Tous se retrouvent aujourd'hui sur le carreau.

Une semaine après l’évacuation des locaux, la mobilisation continue à Mains d’Œuvres. Audrey Quintin, batteuse du groupe de grunge Rowdog, disposait mercredi de quelques minutes pour récupérer ses instruments, sous contrôle d'huissier et de policiers. Son matériel était entreposé dans la résidence d'artistes, expulsée du bâtiment par la mairie, propriétaire des murs.La musicienne a « la boule au ventre » : « On n’a plus de lieu ni pour stocker, ni pour répéter. On a un enregistrement bientôt, des concerts… Ça nous impacte aussi émotionnellement : ça fait 15 ans que je travaille ici en tant qu’artiste. »

« Ça fait 20 ans qu’on travaille sur ce territoire »

Mardi 8 octobre dernier, les forces de l'ordre sont venues poser des plaques de fer sur les locaux pour chasser ses occupants. En cause, le bail caduc depuis deux ans : l'association culturelle n'a pas réussi à le faire renouveler devant les tribunaux.D’après Fazette Bordage, fondatrice de Mains d'Œuvres, quitter aujourd’hui Saint-Ouen n'aurait pas de sens : « Ça fait 20 ans qu’on travaille sur ce territoire, il y a une école de musique de plusieurs centaines d’enfants, on travaille avec de nombreuses associations…. Un projet comme ça, ça ne déménage pas. »

300 000 euros de perte pour l’association à cause de l’expulsion

Depuis 20 ans, la structure œuvre avec 70 salariés et 250 artistes résidents. En soutien, des milliers d'usagers, de bénévoles et de citoyens ont manifesté leur désaccord dans la rue samedi dernier. Une pétition, lancée pour s'opposer à la décision du maire et à retrouver en ligne juste ici, rassemblait par ailleurs ce jeudi après-midi près de 60 000 signatures.Enregistrements studio impossibles, concerts annulés… Depuis l’expulsion, l’association accuse une perte sèche d’au moins 300 000 euros, et réfléchit à la création d’un fonds de soutien avec l’aide de ses partenaires comme le département, la Ville de Paris ou encore le ministère de la Culture.

Une permanence installée sur place

« Quand vous avez autant de débats, de contradictions, de désaccords, un référendum d’initiative local serait par exemple sur ce sujet quelque chose de positif, juge Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, venu soutenir le centre. En attendant, les élections municipales pourraient être ce référendum, pour que les Audoniens et les Audoniennes tranchent. » Le maire de Saint-Ouen, William Delannoy (UDI), veut remplacer le centre culturel par un conservatoire municipal. L'élu n'a pas souhaité expliquer à France 3 Paris Île-de-France son projet. En attendant la décision finale du tribunal le 13 novembre prochain, Mains d'œuvres installe une permanence artistique sur place et continue ses activités dans la rue, ou ailleurs.
 
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