Ces commerçants dits "non-essentiels" qui contournent la règle pour survivre

Si le gouvernement a détaillé la liste des commerces essentiels, face aux activités non-essentiels, certains professionnels ont décidé de continuer à travailler pour survivre. 

 

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Sa clientèle est fidèle et Emmanuelle* ne veut pas la perdre. Mais depuis la mise en place d'une nouvelle période de confinement, impossible pour elle d'ouvrir au grand jour son magasin car il fait partie des commerces dits "non-essentiels".

"Oui nous sommes punis. Aujourd'hui, des clients qui ne viendraient pas habituellement chez moi demandent un rideau de douche, des couvertures, ce sont des objets de première nécessité. C'est une aberration de ne pas pouvoir les vendre !", s'insurge-t-elle.

Face à cette situation, elle a imaginé d'autres façons de vendre ses produits, plus ou moins légales de son propre aveu. Pas question de militantisme, mais plutôt de survie de son activité. Ainsi, les clients peuvent l'appeler et prendre rendez-vous pour visiter la boutique.

"Ils sont seuls dans la boutique, ils se désinfectent les mains, j'aère une demi-heure avant et après. Je respecte strictement les conditions et j'apporte de vrais conseils déco. J'ai une boutique de 80 m², je peux facilement limiter le nombre de personnes qui entrent", pense-t-elle.
 

Noël, une période cruciale

Emmanuelle vient d'ouvrir sa boutique, c'est sa première année d'activité. Elle a précipité la création d'un site internet qui va lui permettre de vendre des objets en ligne. Plus original, elle a créé le "choose and collect".

"Comme j'ai une vitrine qui fait 10 mètre de long, les clients peuvent voir l'intérieur du magasin. Ils choisissent et je leur apporte leur objet à la sortie. En temps normal, je propose une balade en boutique, d'un objet à un autre, on se raconte une histoire. Se balader sur un site, c'est plus du domaine de la consommation et moins de la création", poursuit la commerçante.

Vendre est pour elle d'autant plus une nécessité que les stocks sont au plus haut en vue des fêtes de fin d'année. Elle dit ainsi réaliser entre 30 et 40% de son chiffre d'affaires annuel sur la période allant du 15 novembre au 31 décembre.

"J'ai fait beaucoup de commandes et de nombreux créateurs dépendent de mon activité. Par ailleurs, je devais embaucher trois personnes pour la période de Noël mais je ne suis pas sure de pouvoir le faire", regrette-t-elle.

Emmanuelle estime ainsi "être dans les règles" même si elle est bien consciente de les contourner. Son espoir : que le confinement cesse début décembre.
 

Se faire coiffer chez soi

Autre métier : la coiffure à domicile. Les annonces pullulent sur les réseaux sociaux alors que la pratique a finalement été interdite par le gouvernement lors de cette deuxième période de confinement.

Jennifer*, fait partie de ses commerçantes qui poursuivent leur activité et n'a pas réellement conscience d'être dans l'illégalité. "Ce confinement n'est pas comme le premier. On ne fait pas ce que l'on veut mais on est un peu plus libre quand-même. Dehors, il y a du monde, il y a du passage. Je ne me suis pas fait contrôler pour l'instant, juste une fois en promenant mon chien", indique-t-elle.

Elle a néanmoins vu sa clientèle fondre : elle a coiffé une dizaine de clients depuis le 30 octobre contre le triple en temps normal avec une hausse remarquée des coupes pour enfants.

Mais selon elle, son métier se porte bien et continuera à l'avenir. "Avec la maladie, les gens préfèreront le domicile. Après le premier confinement, j'ai eu de nouveaux clients, ils ne voulaient plus aller dans un salon de coiffure", poursuit-elle affirmant prendre "plus de précautions que dans un salon traditionnel".

Dès l'annonce du confinement, de nombreux salons avaient été pris d'assaut par des clients pris de court. Et comme après la première vague, ils espèrent faire le plein à la sortie de cette nouvelle période.

*Son identité a été anonymisée
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