Moins d'un mois après sa défaite aux élections législatives, l'ancien député et patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde a signé jeudi son retour aux affaires à Drancy en étant élu adjoint à la maire de la ville, sa femme Aude, lors d'un conseil municipal mouvementé.
En ce jour de fête nationale, avant les flonflons et les feux d'artifice, le conseil municipal de cette commune populaire de 72 000 habitants de Seine-Saint-Denis s'est exceptionnellement réuni à 9h30 avec un ordre du jour portant un objectif central: acter le retour de Jean-Christophe Lagarde au sein de l'exécutif local.
Âgé de 54 ans, l'ancien député de la cinquième circonscription a été stoppé dans son élan vers un cinquième mandat le 19 juin, battu par l'insoumise Raquel Garrido (Nupes), élue avec 53,5% des suffrages contre 46,5%. Un revers qui laissait la question de son avenir politique en suspens.
Son épouse, Aude Lagarde, tenait à conserver son fauteuil de maire. Réélue en 2020, elle l'occupe depuis que son mari, qui a dirigé la ville de 2001 à 2017, a accédé à l'Assemblée nationale, l'obligeant à se conformer au non-cumul des mandats.
Chargé des grands projets de la ville
Dans la pratique, M. Lagarde n'a jamais abandonné les affaires courantes en parallèle de sa députation, notamment en tant que conseiller municipal chargé de la coordination des conseils de quartier. Inauguration de boutique, visite d'entreprise, discours lors d'un loto... Il occupe le terrain, au point que certains Drancéens lui donnent toujours du "Monsieur le maire".
En avril dernier, en pleine présidentielle, il a même signé l'édito du magazine municipal.
Son élection comme 11e adjoint, un des postes les mieux rémunérés selon un document consulté par l'AFP, devait être votée le 7 juillet, lors du précédent conseil municipal.
Mais la ville n'ayant pas reçu la validation indispensable du préfet, le vote a été annulé. Ce 14-Juillet, Jean-Christophe Lagarde a cette fois-ci bien été élu adjoint. Il sera notamment chargé des grands projets de la ville, selon l'AFP.
Il remplace un adjoint démissionnaire, délégué au logement, qui lui cède son siège mais reste au conseil. Indemnité mensuelle: 3 748 euros brut, selon des chiffres consultés par l'AFP.
Boycott de certains élus
"Nous souhaitions tous unanimement pouvoir conserver son expérience, pouvoir conserver sa connaissance fine de la ville", a justifié Aude Lagarde.
Cinq élus de gauche de l'opposition ont boycotté la séance pour refuser ce qu'ils qualifient de "mascarade" et de "grossière manœuvre". "Ça semble aberrant, on vit dans un autre monde", a déploré l'élue communiste Carine Nilès.
"Nous allons offrir un véritable parachute doré à un looser sur le retour dont la femme veut, via sa position de maire, guérir l'orgueil meurtri", a taclé l'élu d'opposition Hacène Chibane, lors de joutes verbales musclées avec le couple Lagarde dont il a épinglé les "pratiques népotiques".
Grâce à cette indemnité et son allocation, "Monsieur le député au chômage" gagnera plus qu'avant sa défaite, a-t-il affirmé.
L'argument a été balayé par l'intéressé, dénonçant "le 'Chibane show habituel'" fait de "crétineries" et "mensonges".
"Soit j'allais travailler dans le privé et j'allais gagner à peu près le double de ce que je vais gagner maintenant, soit je continue à participer à un projet que j'ai conçu en 2001 (...) pour deux fois moins. J'ai fait le deuxième choix parce que chacun le sait cette ville me tient à cœur, m'anime", a rétorqué M. Lagarde.
Plaintes dans l'affaire de l'article du Point
Calquée depuis 2018 sur le régime de l'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE), l'allocation chômage pour les députés en fin de mandat prévoit le versement de 57% de l'indemnité parlementaire de base, soit 4127 euros bruts mensuels, pendant 4 à 36 mois, variable selon l'âge de l'ancien député. Cette allocation est cumulable avec une indemnité d'élu local.
Par ailleurs sur le plan judiciaire, Jean-Christophe Lagarde est visé, ainsi qu'un policier, par une plainte d'un journaliste du Point, déposée pour "abus de confiance" à la suite d'un article fallacieux mettant en cause le couple de députés LFI Raquel Garrido et Alexis Corbière. L'ex-député réfute ces accusations.