Manque de policiers, de professeurs, de magistrats : des élus de 8 communes de Seine-Saint-Denis affirment, rapport à l'appui, que l'État ne respecte pas ses obligations d'accès aux services publics dans le département.
C'est à la fois le département le plus jeune de France métropolitaine, mais aussi le plus pauvre. Des élus de Seine-Saint-Denis, membre de l'Établissement public territorial Est Ensemble qui regroupe 9 communes, dénoncent l'inaction de l'État.
"Nous n'avons pas le droit aux mêmes services publics que les autres départements. Nous ne disons pas que nous voulons plus. Mais quand on regarde les policiers par exemple, nous en avons 34 pour 10 000 habitants contre 44 pour 10 000 dans les Hauts-de-Seine", indique le maire (PCF) de Montreuil, Patrice Bessac.
Huit des neuf maires que compte Est Ensemble ont publié une tribune qui alerte sur le manque de moyens auxquels ils font face, alors que les problèmes sont accrus dans le département.
Les élèves perdent un mois de cours chaque année
"Les élèves du département sont privés d’un mois de cours chaque année, en raison d’un taux de non-remplacement des enseignants absents de 15%, nettement supérieur à la moyenne nationale. Cette situation est aggravée par la prévalence élevée d’enseignants contractuels et d’enseignants de moins de 35 ans. Le turn-over y est le plus élevé d’Île-de-France, exacerbant les difficultés dans un département où près de la moitié des élèves sont scolarisés en REP/REP+", affirment-ils.
Dimanche dernier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant la préfecture de Seine-Saint-Denis à Bobigny, à l'appel de la Fédération des parents d'élèves du département (FCPE 93), pour réclamer une nouvelle fois un plan d'urgence pour l'école.
Depuis le 26 février, un mouvement de contestation s'est constitué pour réclamer plus de moyens pour l'école en Seine-Saint-Denis. "On est dans un rapport de force et il n'y a aucun signe positif, aucune volonté du ministère de l'Éducation", regrette Alixe Rivière, porte-parole de la FCPE 93.
Les syndicats réclament le déblocage de "358 millions d'euros" pour permettre la création de 5 000 postes d'enseignants et un peu plus de 3 000 emplois de vie scolaire. Parmi les revendications figurent aussi des seuils à 20 élèves par classe et la réfection des établissements vieillissants.
Ce rapport de ce nouvel Observatoire du Territoire (créé par Est Ensemble) indique qu'ensuite "beaucoup de jeunes se retrouvent à l’écart du système, ne pouvant prétendre qu’à des emplois précaires et peu qualifiés, tels que ceux proposés par les plateformes en ligne comme Uber". Et de citer ce chiffre : 32 pour 1 000 habitants en Seine-Saint-Denis contre 18 dans le Grand Paris.
Département sous-doté
Emploi, justice, santé : les domaines sont nombreux où il existe des failles de l'État selon ces élus.
"L’hôpital Avicenne de Bobigny symbolise la saturation des services d’urgence, avec un temps d’attente moyen de 250 minutes (plus de 4h, ndlr) pour un passage aux urgences l’année passée. Ce chiffre, significativement plus élevé que dans d’autres établissements de la région (122 minutes en moyenne à l’hôpital Bichat de Paris 18e), témoigne des difficultés auxquelles est confronté le système de santé publique face à une population particulièrement fragile", poursuivent les auteurs de la tribune.
Selon Patrice Bessac, maire (PCF) de Montreuil, l'État agit un peu comme un Robin des Bois à l'envers en Seine-Saint-Denis : "D'une certaine manière, on prend aux plus pauvres pour donner aux plus riches dans la répartition des moyens nationaux. Ce n'est pas nouveau, cela fait 20 ans que ça dure."