Des voitures incendiées et des tags visant des élus à Bobigny

Trois véhicules ont été brûlés à Bobigny dans la nuit de dimanche à lundi. Des tags visant des élus et des collaborateurs de la mairie ont été apposés dans différents endroits de la ville. Le Parquet de Bobigny a ouvert une enquête.

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Trois voitures calcinées à côté d'un immeuble où vit un élu. Et en guise de signature, une série de tags dans les quartiers de l'Etoile et du Pont de Pierre à Bobigny à destination du maire et de son premier adjoint. "Abdel Sadi, José Moury, l'un est sourd et l'autre est muet". "C'est votre faute". Un collaborateur du maire visé. "Sissoko = sale vendu". Une salle de musculation aurait également été incendiée. Ce matin, les Balbyniens ont assisté, médusés, à un  nouvel épisode de la vie municipale mouvementée de la ville-préfecture de Seine-Saint -Denis. 

"C'est un acte qui nous vise directement, reconnaît José Moury,1 er adjoint au maire de Bobigny. On reconnait une calligraphie particulière dans ces tags ... On voit bien que ce sont les mêmes personnes qui ont taggé suite à l'incendie criminel de la maison de quartier de l'Etoile."  Dans la nuit du 11 au 12 mars dernier, les flammes avaient ravagé cette salle municipale flambant neuve qui devait abriter des associations et des activités à destination des habitants. 

"On comprend que des gens veulent nous faire passer des messages. Le maire a tendu des perches. On a tenté de faire de la médiation et rien ... Personne n'est venu nous voir. C'est pénible, pas tolérable et absurde", tranche l'élu.

Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête. Les policiers de la Sûreté départementale, saisis de l'affaire, devront notamment étudier les images prises par les caméras de video-surveillance. Quelles sont les raisons de ces dégradations ? Règlement de compte ? Rivalités politiques ? Coups de pression à fin mercantile ? A Bobigny, les hypothèses vont bon train. Depuis 2014 et la prise de la ville par l'UDI, la vie municipale est scandée par des violences et des dégradations. A cela s'ajoute l'enquête préliminaire au chef d'inculpation de détournement de fonds public ouverte par le Parquet National Financier fin 2017, concernant la gestion de l'ancienne majorité municipale de droite. 

En 2018, c'est la voiture de l'ancien 1er adjoint Christian Bartholmé (UDI) qui est brûlée à son domicile. A l'automne 2020, c'est un autre élu en charge d'une salle de musique municipale qui tombe dans un guet-apens. Lors des législatives de 2022, José Moury, suppléant de Raquel Garrido, est menacé. Durant la campagne municipale de 2020, le candidat Fouad Ben Ahmed, a fait les âffres de ce climat politique vicié. "Ayant été victime d'un incendie criminel sur notre local  de campagne, mon groupe et moi sommes solidaires des personnes visées et de leurs fonctions. Si aujourd'hui nous en sommes là,  c'est que malheureusement dans les quartiers populaires, la réaction judiciaire n'est pas à la hauteur des actes commis.J'ai en mémoire l'interpellation du voleur du scooter de Jean Sarkozy, alors fils du président de la République. La justice était alors allée jusqu'à relever les empreintes digitales et l'ADN laissés par l'auteur des faits sur le véhicule ...", tâcle celui qui est aujourd'hui adjoint en charge de l'économie et de la santé à la mairie de Bobigny.

Plusieurs années après les faits, à Bobigny, aucune des enquêtes n'a débouché sur des mises en examen. Une impression d'impunité qui tranche singulièrement avec les engagements pris par le gouvernement la semaine passée pour défendre les élus. La ministre des Collectivités territoriales, Dominique Faure, a annoncé un alignement des peines encourues pour les atteintes aux élus sur celles des atteintes aux personnels en uniforme, les faisant passer de 3 à 7 ans d'emprisonnement et de 75.000 à 100.000 euros d'amende. Ces évolutions doivent être intégrées dans le projet de loi de programmation sur la justice.

 "Je note que j'ai été appelée par le préfet. C'est un premier geste. Nous, élus de terrain, on se retrouve à aller au front, parfois pour faire passer des décisions impopulaires. J'attends de l'Etat qu'il soit à la hauteur de ce qu'il se passe à Bobigny, qu'il y ait une réponse forte. On sera exigeant ! ", clâme José Moury.

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