Dans la banlieue populaire de Paris, les « data centers », ou « fermes de données », ont poussé comme des champignons. En quelques années, le 93 est devenu le centre névralgique du stockage de données numériques de la France.
Depuis quelques années, la Seine-Saint-Denis est devenu l’eldorado des data-centers. Ces « fermes de données » fleurissent sur le terreau fertile au développement qu’est la banlieue nord-est de Paris. Pas de foin ou de tracteur, dans ces fermes-là, on stocke du numérique.
Les fermes n’en sont pas beaucoup plus petites pour autant. Les serveurs, par milliers, sont dotés de capacité de stockages gigantesques. Les mails, photos, vidéos, recherches que les internautes de France stockent chaque jour s’y côtoient.
"Ces dernières années, des sommes colossales ont été investies dans le secteur, de l'ordre de un à deux milliards d'euros", confie Florian Du Boys, directeur général de Zayo France, fournisseur d'infrastructures de fibre optique, à l’AFP. « Comme il y a de plus en plus de données, il y a de plus en plus besoin d'espace ».
« Beaucoup d'établissements sont aujourd'hui implantés sur ce secteur. Cette concentration est en train de faire de la Seine-Saint-Denis un hub numérique », insiste Fabien Gautier, directeur marketing d'Equinix, l'un des principaux acteurs mondiaux de l'Internet.
Sur le département en petite couronne, trois villes font la différence. Saint-Denis, Pantin et Aubervilliers forment un « triangle d’or » du stockage de données. A elles-seules, ces villes accueillent une vingtaine d’établissements, sur les 130 que compte le pays.
Le triangle d’or du stockage de données
En mai 2012, Equinix inaugurait un bâtiment de 12 000 mètres carrés sur l’ancien centre de tri postal de Pantin. « Nos clients peuvent stocker leurs données sur les deux sites à la fois », explique le directeur Fabien Gautier. Le site est relié à un autre grand centre du groupe basé à Saint-Denis, à neuf kilomètres de là. Coût du nouvel établissement : 160 millions d'euros.
Parmi les clients d’Equinix, on compte notamment les géants Google et Facebook. Mais aussi des sites de e-commerce, des banques et assurances, et même des sociétés de jeux en ligne.
A la frontière avec la capitale, ces fermes de données se sont implantées sur de vastes terrains relativement abordables. Le département, facile d’accès depuis la capitale, bénéficie également d’un large réseau ferroviaire et routier.
Autre argument : la Seine-Saint-Denis bénéficie d’un très bon approvisionnement en énergie, héritage du passé industriel de département, et les data-centers en sont gourmands.
Quel avantage pour le département ?
Les élus regardent avec bienveillance l’installation de ces géants du net. « L'emploi direct n'est pas très important. Mais les data-centers entraînent beaucoup d'emploi indirect, car de nombreuses entreprises veulent s'installer à proximité », souligne Didier Paillard, maire PCF de Saint-Denis et vice-président de Plaine Commune en charge du développement économique.
Cependant, l’implantation et le regroupement des data-centers induit aussi une très grosse consommation en énergie (en moyenne 30 mégawatts, soit l’équivalent d’une ville de 25 000 habitants). Bien accueillis par le département, ils profitent avant tout aux entreprises car les emplois créés restent peu nombreux.