Dans l'affaire de détournements de fonds publics concernant l'OPH de Bobigny, l’ancien président et un directeur de l’OPH de Bobigny ont été mis en examen. Une information judiciaire a été ouverte. L’enquête se poursuit.
La Brigade de la Répression de la Délinquance Economique a procédé à une série d’interpellations mardi 26 novembre sur les antennes de Bondy et Bobigny de l'office de logements sociaux Est Ensemble Habitat. Deux chefs d’équipe et un technicien, anciens salariés de l’OPH de Bobigny et recrutés durant la mandature de l’UDI (2014-2020), étaient visés. Les trois hommes se trouvaient ce mercredi encore en garde à vue dans les locaux de la Police Judiciaire à Paris.
"Je suis très heureux que la justice passe, a commenté Florent Guéguen", président d’Est Ensemble Habitat, l’office HLM intercommunal qui a récupéré dans son giron l’OPH de Bobigny. "Cela nous permettra d’enclencher des actions au niveau des ressources humaines en fonction des suites judiciaires."
L’objectif aujourd’hui, c’est que les locataires de Bobigny obtiennent réparation suite aux préjudices subis pour ces faits de corruption et de détournements de fonds publics.
Florent Guéguen, président d'Est Ensemble Habitat
"18 millions d’euros de préjudices"
Le préjudice est aujourd’hui estimé à 18 millions d’euros par les représentants d’Est Ensemble. Une information judiciaire a été ouverte. Cette procédure concerne des "irrégularités dans la passation et l’exécution des marchés publics, ainsi que dans l’affectation des logements sociaux, mais également sur le règlement de prestations inexistantes et des non-perceptions de loyers", selon une source judiciaire.
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Dans un rapport de l’Ancols (Agence Nationale du Contrôle des Logements sociaux) parue en 2022, les "gendarmes des HLM" faisaient état des nombreuses pratiques frauduleuses et irrégularités de gestion. Ils estimaient à "au moins 10 millions d’euros" les pertes d’exploitation, plaçant l’office "au bord de la cessation de paiements" au terme de la mandature de l’équipe UDI de Stéphane de Paoli (2014-2020). L’OPH de Bobigny comptait alors 4000 logements.
"C'est scandaleux ! De l’argent destiné à l’habitat et à des locataires modestes a été détourné par des élus et des salariés à des fins d’enrichissement personnels. Il s’agit d’un véritable 'système'", s'est indigné le président d'Est Ensemble Habitat, qui s'est porté partie civile dans cette affaire.
Deux mises en examen
Parallèlement, de source judiciaire, l'ancien président de l’office HLM Jonathan Berrebi a été mis en examen pour favoritisme, prise illégale d’intérêt, détournement de biens publics, corruption et trafic d’influence passifs par personne chargée de mission de service public, concussion, escroqueries en bande organisée, blanchiment. Membre actif de la campagne des municipales de 2014 sous l’égide de l’UDI, cet ostéopathe a été placé en détention provisoire entre mars et juillet 2024. L'ancien conseiller municipal est aujourd’hui sous assignation à résidence et porte un bracelet électronique.
L’ancien directeur par intérim Mallé Koïta est mis également en examen des chefs de favoritisme et recel, prise illégale d’intérêt et recel, détournement de biens publics et recel, corruption et trafic d’influence passifs par personne chargée de mission de service public, escroqueries en bande organisée, blanchiment, refus de communication d’une clé de déchiffrement. Il était resté un mois et demi à la tête de l’office. Il a été placé sous contrôle judiciaire.
Dès 2017, le Parquet National Financier a ouvert une enquête préliminaire pour détournements de fonds publics concernant la gestion de la ville de Bobigny par la majorité municipale UDI.