Ils ne veulent pas du futur campus hospitalo-universitaire Grand Paris-Nord à Saint-Ouen porté par l’AP-HP qui doit remplacer les actuels hôpitaux Bichat et Beaujon. Collectifs citoyens, soignants et syndicats l'ont fait savoir en se mobilisant ce samedi.

"Nous refusons l’implantation du futur grand hôpital de l' AP-HP au cœur de la ville." Denis Vemclefs, membre du collectif "Pas ça, pas là, pas comme ça !" et également conseiller municipal d’opposition ne décolère pas. Comme 300 autres personnes, il s’est allongé sur le pavé, là ou doit être construit le futur campus hospitalo-universitaire Grand Paris-Nord à Saint-Ouen.

Nuisances sonores et environnementales

D'une capacité de 900 lits, ce nouvel hôpital issu de la fusion des actuels hôpitaux Bichat à Paris et Beaujon à Clichy pourrait voir le jour à l'horizon 2028. Il doit être implanté sur le site de l'ancienne usine PSA sur 7,19 hectares. Il est porté par l'AP-HP et l'Université de Paris. Son coût est estimé à 1,3 milliard d'euros.

"Il doit être construit en plein coeur de saint-Ouen.Un bâtiment énorme qui va défigurer le centre-ville et bloquer la circulation qui est déjà bien saturée avec les Puces et la porte de Saint-Ouen", dénonce Denis Vemclefs. Pour ses opposants, la création d’un hôpital de très grande taille va aggraver le quotidien des riverains, l’accueil des usagers et les conditions de travail des personnels : asphyxie du quartier Garibaldi, circulation encore plus difficile et saturation de la ligne 13 du métro déjà très empruntée.

"D'un point de vue social, aménagement urbain et écologique, c'est aberrant", "ça fait partie des grands projets inutiles et nuisibles dont on ne veut plus", a dénoncé le député LFI Eric Coquerel.

Des nuisances environnementales soulignées par l'Autorité environnementale (AE) qui a invité l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris à revoir sa copie dans un avis rendu le 21 avril dernier. L'étude d'impact "est muette sur les émissions de gaz à effet de serre liées au projet, en phase construction et en phase opérationnelle", affirme l'AE selon l'AFP.  Elle appelle aussi à "évaluer précisément les nuisances sonores" et recommande "de modéliser les bruits de chantier avant le début des travaux, de mettre en place un contrôle de l'environnement sonore et à n'autoriser qu'exceptionnellement le travail de nuit ou les weekends".

"305 patients sur le pavés"

Autre argument des opposants à ce projet, la suppression de lits d'hospitalisation, conséquence de la fusion des 2 structures. 305 exactement selon leurs calculs qui ont choisi ce chiffre symbolique pour leur manifestation. Ce matin, 305 personnes se sont allongées sur la rue au cours d'un "Die-In".

"Ce projet avec la fermeture de l’hôpital Bichat et de l’hôpital Beaujon entraîne la fermeture de 305 lits. Mais cela entraîne également la disparition de postes de soignants. Entre 600 et 800 postes seraient supprimés.", justifie Denis Vemclefs, du collectif citoyens "Pas ça, pas là, pas comme ça !"On refuse cette logique d’autant plus que la crise sanitaire prouve que nous avons plus que jamais besoin de lits. Aujourd’hui ce projet n’est plus d’actualité. Il est dépassé et l'AP-HP s'entête à le mettre en œuvre", poursuit-il.

Notre demande, c’est de rénover Bichat et Beaujon

Samira K, membre du Comité de défense de Bichat

Samira K. secrétaire adjointe de la CGT à l'hôpital Bichat est membre du Comité de défense de l'hôpital. "La crise de la Covid a démontré les difficultés que nous rencontrons pour la prise en charge des patients. À Bichat, un patient sur trois ne peut pas être prise en charge aux urgences, à Beaujon c’est la moitié des patients. Et là, on est à nouveau dans la réduction des lits d’hôpitaux. C’est inadmissible. La population augmente dans ce bassin, qui touche le 93, le 92, les 17e et 18 e arr. de Paris et l’offre de soins sera réduite", dénonce-t-elle. 

Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital Bichat et membre du collectif Inter-hôpitaux, a de son côté estimé qu'un "tel projet dans une zone déjà déficitaire en soins, aboutirait à mettre en danger la population."
 

 

Enquête publique en septembre

De son côté l'AP-PH a indiqué à l'AFP avoir "démarré le travail d'analyse dès publication de l'avis de l'Autorité Environnementale. Ajoutant, "l'avis de l'Autorité environnementale ne comporte pas de risque laissant présager une modification du calendrier prévisionnel". L'enquête publique en vue des travaux doit commencer en septembre.

         

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité