Un homme condamné à 15 ans de prison pour avoir violé, frappé et volé une jeune femme lesbienne

Un homme a été condamné vendredi à 15 ans de prison par la cour d'assises de la Seine-Saint-Denis, après avoir agressé une jeune femme lesbienne, à Saint-Ouen en 2017. Le caractère homophobe des faits n’a pas été retenu.

Peine maximale : un homme soupçonné d’avoir violé, frappé et volé une jeune femme lesbienne a été condamné vendredi à 15 ans de prison par la cour d'assises de la Seine-Saint-Denis, sans toutefois retenir le caractère homophobe de l'agression. Estimant qu'il s'agissait bien d'une "punition de l'homosexualité", l'avocate générale avait demandé aux jurés de condamner l'accusé à 15 ans pour "viol en raison de l'orientation sexuelle". Dans un réquisitoire marquant, elle avait jugé que l'agression subie par Jeanne (prénom modifié), 34 ans, dans son appartement de Saint-Ouen le 8 octobre 2017, avait pour objectif de "la détruire".

Cette nuit-là, après avoir rencontré un garçon "sympathique" place de la République à Paris, la jeune femme, qui se présente comme "préférant les filles", rentre avec lui. Alors qu'elle change d'avis et refuse d'avoir un rapport sexuel, elle "lit soudain la haine dans ses yeux". Avant d'entendre cette phrase : "Ah, tu kiffes les meufs ? Je vais te faire kiffer". "Il m'a prise par les cheveux, m'a jetée sur le lit et a commencé à m'étrangler. Je me suis dit c'est la mort", a relaté jeudi la jeune femme. Suivront une heure et demie de coups et sévices sexuels. Jusqu'à ce que le jeune homme finisse par quitter l'appartement, après lui avoir dérobé une chevalière et sa carte bancaire.

"Un macho est plus violent avec une lesbienne"

"Est-ce que n'importe quelle femme qui se refuse à lui, il l'aurait violée ? Non, c'est car elle refuse son sexe d'homme qu'il la viole", "c'est à cause de ça qu'il bascule dans la violence", a estimé l'avocate générale. Évoquant le procès d'Aix-en-Provence, en 1978, où Gisèle Halimi avait représenté deux jeunes campeuses homosexuelles violées par trois hommes - les agresseurs avaient dans un premier temps été poursuivis pour "coups et blessures" -, la représentante du parquet a estimé qu'on était "manifestement pas allé au bout" de la réflexion sur ces agressions dont sont victimes les lesbiennes.

"Quatre pour cent des femmes hétérosexuelles disent avoir été victimes de viol, contre 10 % des femmes lesbiennes. On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre". "Un macho est plus violent avec une lesbienne", a-t-elle lancé dans ce réquisitoire, citant à plusieurs reprises l'essai King Kong Théorie, où l'écrivaine Virginie Despentes évoque le viol qu'elle a subi.

De "très nombreuses plaies sur l'ensemble du corps"

Pendant tout le procès, l'accusé, 24 ans, jean et veste de jogging noire, a répété "ne pas avoir été violent" avec la plaignante. Et assuré que sa préférence pour les filles ne lui posait pas problème. "C'est une grande victoire que la circonstance aggravante de l'homophobie n'ait pas été retenue", a déclaré son avocat, Me Nourredine Habibi Alaoui. Dans sa plaidoirie, l'avocat avait insisté sur l'adolescence chaotique de son client, arrivé seul de Tunisie par la mer alors qu'il n'avait que 15 ans. A 21 ans, l'accusé avait déjà été condamné pour trafic de drogue, vol avec violence et était connu de la police pour des faits d'agression sexuelle.

L'avocat de Jeanne s'est quant à lui dit "satisfait" par la décision, précisant "ne pas être déçu" que la circonstance aggravante n'ait pas été retenue. "Il n'y avait que la parole de Jeanne, ça n'a pas suffi aux jurés, mais le plus important est que le procès, public, se soit tenu autour de ce sujet. C'est rarissime, et ça a amorcé un tournant", estime Stéphane Maugendre. L'expertise médicale, effectuée quelques heures après les faits, relèvera sur le corps de sa victime de "très nombreuses plaies sur l'ensemble du corps", "une perforation du tympan" et des ecchymoses au niveau du cou et du thorax, et lui accordera vingt jours d'incapacité totale de travail (ITT). En arrivant face à la cour pour raconter son agression - pour la huitième fois depuis les faits -, Jeanne avait d'abord étouffé un sanglot, avant de s'asseoir. "J'ai juste besoin qu'on dise qu'il avait pas le droit de me faire ça", avait-elle demandé.
 
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