Luc Di Gallo, un adjoint au maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), raconte avoir été victime d'une violente agression homophobe début juin, après avoir été ciblé via une application de rencontre. L’élu a porté plainte.

L’élu dénonce "un guet-apens homophobe". "J'ai été victime d'une violente agression homophobe", explique sur Twitter Luc Di Gallo (Génération•s), adjoint délégué à la mairie de Montreuil au zéro déchet, à l'économie circulaire, à la propreté et aux composteurs collectifs. Les faits se sont déroulés à Montreuil le soir du vendredi 2 juin, retrace l’élu, qui précise avoir "mis plusieurs jours pour trouver la force" de s’exprimer publiquement et qui publie une photo de ses blessures au visage.

"Je me suis rendu à un rendez-vous fixé avec un homme via une application de rencontre homosexuelle appelée Grindr", indique-t-il. "Ce soir-là, nous devions nous retrouver dans un premier temps au parc des Guillands à Montreuil. Arrivé sur place, un jeune homme m’attendait. Il portait un masque chirurgical au prétexte d’être allergique aux pollens, le rendant ainsi difficilement reconnaissable", poursuit Luc Di Gallo.

"Je me suis mis à le suivre tout en discutant avec lui sur un chemin qui devenait de plus en plus sombre. Soudain, il a stoppé sa route dans un endroit très sombre. C’est là qu’il a crié : 'SORTEZ' et trois personnes ont surgi de derrière des arbres", raconte-t-il. "Dans un mouvement très rapide, il a passé son bras autour de mon cou afin de me maîtriser. Les trois autres se sont jetés sur moi pour me rouer de coups de poing à la figure. L’un d’eux a crié 'SALE PD, PEDOPHILE'", indique l’élu.

"Un déchaînement de violence inouïe"

"J’ai crié en vain 'AU SECOURS' en espérant une réaction des personnes présentes tout près dans le parc. À ce moment-là, celui qui devait être mon partenaire d’un moment s'est mis à serrer mon cou encore plus fort pour que je me taise", se remémore Luc Di Gallo. "Il m’a demandé de m’allonger au sol, face contre terre. Il m'a dit 'PARLE PAS, CRIE PAS, BOUGE PAS'. J’ai obéi ! Mais il a continué de serrer fort. J’étouffais...  Je ne savais plus quoi faire pour le satisfaire afin qu’il me laisse respirer", poursuit-il.

"Puis j’ai entendu : 'C’EST BON, ON A TOUT' et ils m'ont libéré", conclut l’élu. Ce dernier dénonce "un déchaînement de violence inouïe" ainsi que "la violence des coups, la violence de l’homophobie, la violence de la préméditation, la violence due à la peur de l’étouffement, la violence des regards à affronter quand on a le visage atteint, la violence de l’exposition de sa vie privée, la violence des changements non désirés dans sa vie, la violence de la culpabilisation…".

Luc Di Gallo, qui a déposé une plainte "comme un citoyen lambda" en ne mentionnant son "statut d'élu qu’à la fin", souligne "le professionnalisme des policiers du commissariat de Montreuil". Mais il pointe du doigt "des propos culpabilisants, déplacés et remettant en cause le caractère homophobe de l'agression" de la part d’un médecin de l’Unité Médico-Judiciaire lors d’un examen pour évaluer son Incapacité Totale de Travail (ITT).

"Pour moi il y aura un avant et un après", déclare l’élu, citant une psychologue de l’association SOS victime 93. Il dit subir encore aujourd’hui les conséquences de l’agression : "Je sursaute quand quelqu’un parle derrière moi par surprise. Je ne supporte pas bien qu’un coiffeur me lave la tête, j’ai le sentiment qu’il va m’étrangler. Je sais que cela va passer mais cela va demander du temps."

Des élus dénoncent le "fléau de l'homophobie"

De nombreux élus locaux ont apporté leur soutien à Luc Di Gallo sur Twitter. Alors que le maire de Saint-Denis Mathieu Hanotin (PS) a dénoncé le "fléau de l'homophobie", David Belliard (EELV), adjoint à la mairie de Paris, a salué un témoignage "si courageux, et si glaçant", en dénonçant "l'ultra-violence et la haine pure". 


Colombe Brossel (PS) et Léa Filoche (Génération•s), également adjointes à la mairie de Paris ont aussi réagi.

Au niveau national, Olivier Klein (ex-PS), ministre délégué à la Ville et au Logement, s’est dit "profondément choqué d'apprendre l'agression". "Personne ne devrait jamais être victime de haine et de violence. Nous devons être intransigeants contre l'intolérance et œuvrer pour un respect universel", a déclaré l’ancien maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Des députés de région parisienne comme Sophie Taillé-Polian (Génération•s) ou Fatiha Keloua Hachi (PS) ont également apporté leur soutien.

Du côté des associations, Maxime Haes, porte-parole de Stop Homophobie, a pointé du doigt "ces agressions homophobes d’une extrême ampleur qui explosent littéralement en France et qui tuent".

Suite à la plainte déposée par Luc Di Gallo, le parquet ne retient pas le caractère homophobe à ce stade, rapporte Mediapart.

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