Lisa, une infirmière âgée de 30 ans, a été violemment agressée dans un bus par deux jeunes hommes à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) après leur avoir demandé de porter un masque. Deux adolescents ont été placés sous contrôle judiciaire à l'issue de leur garde à vue.
Un déchaînement de violence gratuite. Lisa, une infirmière de 30 ans, a été frappée et insultée dans un bus mardi 11 août alors qu'elle avait demandé à un petit groupe de jeunes de porter leur masque à Neuilly-sur-Marne, en Seine-Saint-Denis.
"Jamais personne n'a cru que ce serait un danger de rappeler quelque chose qui devrait faire partie du respect, de l'humanité", témoigne cette jeune femme sur franceinfo.
Selon elle, trois jeunes hommes sont montés dans le bus et ont commencé à "parler très fort, rigoler, tourner la tête dans tous les sens, sans aucun respect des distances de sécurité, raconte-t-elle. Je leur ai dit : 'les loulous, on peut mettre le masque s'il vous plait'".
Sentant le ton rapidement monter, elle demande au chauffeur du bus de prévenir la police, ce qu'il fait discrètement. Un jeune en particulier s'est fait plus menaçant. "Il a mis son visage à deux centimètres du mien pour me faire peur. De là, j'ai posé ma main sur son torse, je l'ai éloigné de moi. Et j'ai pris une gifle de toute sa force, qui m'a sonnée. Honnêtement, je ne sais même pas comment ça s'est passé, comment je me suis retrouvée de l'autre côté du bus".
S'en suit une pluie de coups au visage et sur le corps. D'autres voyageurs essaient de venir à son secours et tentent de s'interposer, mais ils sont "grands et forts".
Deux jeunes de 16 ans interpellés
Présentant de "nombreuses plaies superficielles et contusions", l'infirmière a refusé d'être prise en charge par les pompiers. Cinq jours d'incapacité totale de travail (ITT) lui ont été prescrits.Deux jeunes de 16 ans ont été interpellés et mis en garde à vue. Ils ont ensuite été placés sous contrôle judiciaire le temps des investigations. Le parquet avait demandé leur placement en détention provisoire.
Selon une source proche de l'enquête, l'un des deux avait des antécédents judiciaires pour des faits d'extorsion et de violence. Les agresseurs présumés ignoraient le métier exercé par cette passagère toujours selon cette source.
La vocation d'un soignant ne s'arrête pas aux portes de l'hôpital ou d'un cabinet. C'est précieux. C'est généreux. Cela nous protège tous. Honte et colère que cela puisse récolter en retour cette violence lâche et infâme. Soutien et affection pour cette infirmière. https://t.co/R0rhFCO1Nr
— Olivier Véran (@olivierveran) August 13, 2020
Plusieurs agressions, notamment dans les transports
Ces dernières semaines, les agressions liées au non-respect du port obligatoire du masque se sont multipliées. Vendredi dernier, trois hommes ont été mis en examen après l'agression, à coups de bâton dans une laverie de Soisy-sous-Montmorency (Val-d'Oise), d'un homme qui avait demandé à un autre client de respecter le port du masque.Plusieurs faits de ce type ont été commis dans les transports. Le 10 juillet dernier, Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, est mort après avoir été roué de coups et grièvement blessé à la tête. Il avait voulu contrôler le ticket d'une personne et avait exigé le port du masque pour trois autres passagers.
À la fin du mois, le 31 juillet, un mineur soupçonné d'avoir frappé un conducteur de bus d'Orléans a été mis en examen pour violence sur personne chargée d'une mission de service public. La veille, une rixe avait éclaté dans un tram de Dijon entre des passagers et un conducteur de tram qui leur avait demandé de porter un masque.